Vivre à Pompéi

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Publié 17/01/2012 par Gabriel Racle

Depuis la redécouverte au XVIIe siècle de cette ville oubliée, Pompéi n’a cessé d’exercer son attrait sur des archéologues, des historiens, des artistes ou des écrivains, comme l’histoire en témoigne, mais aussi de nos jours sur des touristes désireux de comprendre comment vivaient des citoyens de l’Empire romain.

On connaît de très nombreux monuments publics, souvent bien conservés, laissés par les Romains un peu partout où s’étendait leur empire et pas uniquement à Rome: théâtres, amphithéâtres, thermes, temples, aqueducs, murs défensifs, arcs de triomphe.

Les documents écrits sont nombreux concernant cette époque, mais ils traitent généralement de la vie publique, de conflits, de batailles, de victoires, d’actes officiels, sans nous raconter la manière de vivre des Romains ordinaires.

Heurs et malheurs du Vésuve

Lorsqu’en l’an 79, le Vésuve, ce volcan toujours actif de la Campanie italienne entre en éruption, il anéantit en quelques heures les petites villes qui se trouvent à ses pieds, comme Pompéi et Herculanum.

Il déverse une quantité considérable de cendres, de lapilli et de lave, en créant une couche d’agrégats atteignant parfois 30 m d’épaisseur.

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«L’ampleur d’une telle destruction ne peut être comparée qu’à bien peu de catastrophes dans l’histoire de l’humanité, et sans doute uniquement aux tsunamis des océans d’Asie ou aux bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki.»

Pompéi, comme Herculanum, était une ville florissante, qui comptait plusieurs siècles d’histoire. On y trouvait une population aisée de commerçants, d’entrepreneurs, d’artisans qui faisaient la fortune d’une ville qui ne cessait de se développer.

Mais, comme Herculanum, Pompéi n’avait aucune importance administrative ou politique particulière. C’était une ville banale, loin des fastes et des artifices de Rome, la capitale.

Les malheurs causés par cette puissante éruption volcanique, qui fait de Pompéi une ville morte qui sombrera dans l’oubli, ont une contrepartie bénéfique, tardive et moderne. «Un événement aussi terrible était pourtant destiné à devenir une grande source de joie pour la postérité… Au fil des découvertes archéologiques révélées par les fouilles, on peut en effet se rendre compte du témoignage historique exceptionnel que constituait une telle cristallisation.»

Un site exceptionnel

Les deux citations qui précèdent, de Stefano de Caro, sont extraites d’un ouvrage lui aussi exceptionnel: Pompéi. Un art de vivre, Paris, Gallimard, 225 pages, 200 illustrations, format paysage, tranche rouge. Publié à l’occasion d’une exposition d’un musée parisien, cet ouvrage nous permet de connaître par ses récits et ses représentations d’intérieurs et d’objets la vie de ces citoyens de l’Empire romain auxquels les civilisations occidentales sont redevables d’apports non négligeables à leur culture.

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En effet, les fouilles dont il est question, commencées au XVIIIe siècle, ont mis à jour, par hasard, les villes ensevelies d’Herculanum et de Pompéi, en permettant ainsi de découvrir comment vivaient les habitants de ces villes, leurs maisons, leur mobilier, leurs outils ou instruments, bref de faire une plongée dans le monde méconnu de l’art de vivre à Pompéi avant l’éruption du Vésuve. Et c’est ce genre de vie que l’ouvrage mentionné ci-dessus nous présente au fil des pages.

La maison pompéienne

On la découvre de deux façons. Une série d’articles descriptifs illustrés occupent une quarantaine de pages au début du volume. La maison pompéienne, L’aménagement intérieur, L’eau et ses usages dans la maison, Les jardins pompéiens, L’amour sur les murs, La décoration intérieure, sont quelques-uns des titres de ces essais très vivants.

Le catalogue qui suit rend concrètes les descriptions et les mentions qui précèdent. Comme l’écrit un critique: «Un seul objet et tout est repeuplé! La preuve avec ce simple moule à gâteau en forme de cœur, dont la puissance d’évocation vous transporte il y a 1932 ans, dans la petite ville de Pompéi (Campanie), 20 000 habitants.»

Et des objets évocateurs, il y en a, tout comme des fresques qui décoraient des intérieurs. «Les fresques aux couleurs vives sont superbes, les statues, raffinées ou osées, les meubles étonnants de modernité (un trépied pliant à pattes de lion), mais le plus émouvant se niche dans ces petits riens du quotidien: un encrier, un verre soufflé, une passoire, ou ce moule destiné à un gâteau dont on ignore la recette, mais dont la forme nous touche», de poursuivre notre critique.

Une maison moderne?

«Par son architecture, ses décorations, le dessin de ses meubles et de ses objets, ainsi que le confort de ses infrastructures, son eau courante, ses robinets, son chauffage central, son tout-à-l’égout, son sauna et l’idée très contemporaine de l’intégration de la nature à la maison, la donus pompéienne nous paraît, vingt siècles plus tard, parfaitement vivable, agréable et raffinée», de dire dans la préface l’historienne Patricia Nitti qui a passé quatre ans sur le site. Faute de pouvoir visiter l’exposition qui se termine le 12 février, les lecteurs intéressés ont la possibilité unique de découvrir la vie à Pompéi avec ce livre disponible au Canada.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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