Tataouine: un décor de la Guerre des étoiles

Constructions troglodytes et villages berbères en Tunisie.
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Publié 12/07/2016 par Aurélie Resch

La réverbération du soleil sur les dunes m’aveugle. Je ferme un instant les yeux sur ce désert blond et me remémore ce qu’on dit de Tataouine.

Un bagne militaire français ouvert en 1938, perdu au bout du monde, où les conditions de vie étaient extrêmes. Le bagne a fermé. Le désert est resté. L’expression «aller à Tataouine, au bout du monde» aussi.

En laissant filer les grains d’une extrême finesse entre mes doigts, je regarde tout ce sable qui se perd à l’infini et je peux comprendre ce que bout du monde peut vouloir dire pour celui qui s’y serait égaré.

Au sud-est de la Tunisie, c’est un monde perdu que je m’apprête à rejoindre. Celui qui vit hors du temps. Celui des Berbères. Celui qui a inspiré George Lucas pour certaines des scènes de sa mythique saga La Guerre des étoiles.

Le monde des Berbères

Au cœur de ces vagues rouges, ondoyantes sous le soleil, se cachent des villages troglodytes berbères datant du XIe siècle. Ils sont nombreux, ces petits villages disparaissant dans le décor. Appelés ksars, ils sont les greniers des Berbères.

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À l’époque, les invasions étaient fréquentes. Pour pouvoir survivre et surveiller leur territoire, les Berbères construisirent dans la roche des citadelles fortifiées.

À Chenini, le village construit à une altitude de 500m domine la plaine, El Ferch, au sud-ouest de la ville de Tatouine. Confondu avec la roche, il n’était pas visible de l’ennemi et difficilement repérable à distance aujourd’hui.

Tandis que je monte le sentier escarpé pour arriver à son sommet, mon guide m’explique que ce village a survécu à des siècles d’agressions et d’érosion.

Que les générations de Berbères fiers de leur patrimoine n’ont jamais voulu quitter ce lieu. Ils sont seulement peu à peu descendus sur le flanc de la montagne pour s’installer dans deux nouvelles habitations troglodytes et s’épargner la difficulté de remonter tout en haut provisions, eau, médicaments et autres.

Seuls les pèlerins les plus motivés grimpent encore jusqu’à la magnifique mosquée blanche qui trône au sommet de la ville fortifiée.

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La Tunisie a investi dans la préservation de ce lieu unique et est heureuse de le voir inscrit l’année prochaine au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Température constante

Pour ma part, je m’émerveille silencieusement de l’ingéniosité de ces constructions troglodytes maintenant une température constante tout au long de l’année de 22 degrés.

Les galeries dans la roche forment des habitations avec une pièce commune suivie d’une pièce pour dormir et, au fond, de quoi stocker la nourriture. D’autres galeries servent uniquement à conserver les denrées et les graines dans des amphores.

La vue sur la plaine immense et désertique, sertie de montagnes, me rappelle le Colorado que j’ai exploré à plusieurs reprises. Une impression d’immensité. De faire partie d’un tout plus grand que nature. Ce village aux quelque 200 habitants vit hors du temps. Hors du monde.

Les touristes qui viennent visiter le lieu me semblent incongrus. Tout comme ces fils électriques qui zèbrent le ciel au-dessus de la mosquée. Sur la colline d’en face, on dit que sept chrétiens, pour échapper à la fureur des Romains, se sont cachés dans une grotte et ne se sont réveillés que quatre siècles après. Ils ont ouvert les yeux sur un monde devenu musulman.

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Ils auraient dormi et grandi pendant quatre siècles, devenant des géants de 4m. On les appelle les 7 géants. Leur cachette surplombe l’école primaire où les enfants berbères se rendent durant l’année. Une école tout au bout du monde

Tout semble petit

Ma prochaine étape: Ksarh Hdada. Autre village du désert de Tataouine rendu célèbre par le tournage du 1er épisode de La Guerre des étoiles: La menace fantôme.

L’ensemble des maisons arrondies est harmonieux. Cerclées de blanc ces habitations offrent le même aspect que celles de Chenini: murs épais, garde-manger, construction en alvéoles. Immanquablement, les scènes de la série culte défilent alors que j’arpente les rues sablonneuses et grimpe les escaliers en pierre.

Je cherche R2D2 du regard et me demande comment la haute stature de Liam Neeson a pu se faufiler dans les petites portes. Tout ici semble petit. À ma taille. Je pourrai y passer un peu de temps. Celui de rêver. D’apprendre et d’écrire.

D’habitude envahie par les touristes, Ksarh Hdada est aujourd’hui déserte. Il faut dire que sous le soleil de midi, il y a peu de monde qui s’agite. Parvenue sur un toit en terrasse je regarde l’horizon. La démarcation est inexistante tant la poussière du sable et la blancheur du ciel se mêlent.

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Où est Luke Skywalker? Dans le silence, à défaut d’entendre des droïdes ou des vaisseaux ennemis, j’entends les prières des habitants, les rêves des voyageurs et les soupirs des prisonniers de Tataouine dans les années 40.

Un univers de sable, de mystère et de silence. Au bout du monde. Tout au bout du monde.

Comment y aller: Vols directs Montréal/Tunis et de nombreuses connexions dans le pays.

Où rester: Le Seabel Aladin, un peu loin, sur l’île de Djerba, offre des excursions dans ce coin du pays. Il vous permettra dans une ambiance agréable d’alterner des excursions dans le désert et de la détente en bord de mer.

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

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