À l’occasion de la Semaine de fierté gaie, j’ai pensé vous présenter une nouveauté qui constitue une première au Québec. Il s’agit de l’anthologie Baiser vertige, préparée par Nicole Brossard.
Cet ouvrage réunit des textes de poésie et de prose qui font écho aux réalités, solidarités et fantaisies gaies et lesbiennes. Animés d’amour fou ou de peine vive, de colère ou de mélancolie, 14 auteures lesbiennes et 15 auteurs gais donnent à lire, dans un croisement d’époques et de générations, l’enfance, le plaisir, le désir et la perte. Baiser vertige permet ainsi de découvrir sous un angle nouveau une part importante de la littérature québécoise.
Nicole Brossard explique qu’il a fallu «regrouper quatre univers pour faire exister Baiser vertige: le monde des lesbiennes, celui des gais, celui des poètes et celui des gens de prose».
Elle a fait le choix de ne pas inclure l’univers du théâtre (qui mérite sa propre anthologie, dit-elle). On ne retrouve donc pas un texte de Michel Marc Bouchard, Normand Chaurette ou René-Daniel Dubois; quant à Jovette Marchessault, Lise Vaillancourt et Michel Tremblay, ils y figurent tous comme prosateurs. Les textes réunis illustrent quatre univers de sensibilités, «quatre façons d’être en relation avec le monde et de dessiner, par le langage, son rapport à l’autre et à la vie».
Je ne sais pas si Nicole Brossard a des doigts de fée, mais elle a pigé des poèmes et des texte de prose où la subjectivité, la mémoire d’enfance et le présent érotique, mélancolique ou existentiel se croisent et s’enracinent «comme une histoire vraie à partager dans sa dimension fictive et littéraire». On dit que ce qui n’est pas connu d’un auteur ou auteure finit toujours par être révélé dans ses textes. Chose certaine, les gens réunis ici racontent, inventent ou modulent tantôt une rêverie, une colère, un grand amour et se rendent visibles avec ou sans effet de fiction.