Au-delà de réflexions au sein des milieux de la diplomatie française, la Lettre aux élus français qui ne voient le Canada que par le Québec a eu des échos parmi les communautés francophones du «reste du Canada». La réaction la plus passionnée dont j’ai pu prendre connaissance est venue d’un résident d’Ottawa, le mathématicien et actuaire à la retraite Roland Madou.
Celui-ci remercie Marc Albert Cormier, le conseiller élu auprès du Consulat général de France à Toronto, pour avoir pris la peine de sensibiliser les élus français à l’existence de plus d’un million de francophones au Canada en-dehors de la province de Québec. Puis, il ajoute que les raisons historiques devraient pourtant conduire les Français à mieux connaître et soutenir ces autres francophones du Canada.
Selon Madou, ce sont surtout des lacunes dans l’enseignement de l’histoire qui sont responsables de cette méconnaissance. En quelques pages, il résume l’histoire de la Nouvelle-France dont le territoire a couvert les deux tiers de toute l’Amérique du Nord. «Même Toronto, la métropole canadienne, s’est développée sur les ruines du Fort Rouillé, fondé par les Français, et encore aujourd’hui, le tiers des habitants de Windsor a des origines françaises.»
Comme peu de gens connaissent l’histoire et l’existence de l’importante francophonie canadienne en dehors du Québec, Madou déplore qu’on confonde souvent la notion de «Canadien français» avec celle de «Québécois». «Ce ne serait que justice historique que la France s’en souvienne et se sente aussi proche d’eux que de ceux qui se font appeler aujourd’hui Québécois».
C’est sans doute une bonne occasion pour rappeler que ce devoir de mémoire face à la francophonie canadienne hors Québec ne doit pas se limiter aux élus de France. À mon avis, les élus du Canada doivent également faire le point sur leur devoir de mémoire et sur la nécessité de passer à l’action. Tant de dossiers requièrent leur attention.