Pendant un mois, du 9 juin au 9 juillet, la Coupe du monde de soccer va faire vibrer l’ensemble de la planète. Une compétition que le Canada suivra, une fois encore, en tant que simple spectateur, après s’être vu largement dominé dès le second tour des éliminatoires continentaux. Un fait rare, voire exceptionnel pour un pays qui compte une trentaine de millions d’habitants, dont une forte proportion d’immigrants de pays où le «football» est une religion.
À prime abord, le Canada avait tout pour devenir une nation importante sur la planète soccer. À commencer par ce vivier d’immigration, si cher aux pays européens, qui avait notamment façonné la victoire de l’équipe de France «Black-blanc-beur» en 1998.
Oui, mais voilà. Ici, le soccer n’est pas une institution culturelle et ne parvient toujours pas à percer dans un paysage sportif où le seigneur hockey règne en maître devant ses vassaux base-ball et basket-ball. Un fait unique sur le continent puisque si l’Amérique du sud et le Mexique sont depuis longtemps acquis à la cause du ballon rond, les États-Unis se prennent peu à peu au jeu et soutiennent maintenant ouvertement leur «Boys».
Mais le Canada, selon la formule consacrée, resiste encore et toujours à l’envahisseur «socceristique». Après sa piètre campagne lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2006, le pays pointe à une peu reluisante 83e place au classement mondial, derrière Panama et le sultanat d’Oman. À cela plusieurs raisons évidentes, qu’elles soient budgétaires ou marketing.
Mais une autre thèse, cette fois sociologique et historique, vient s’appuyer sur des éléments plus culturels que matériels. Selon John McClelland, sociologue à l’Université de Toronto, ce désintérêt pour le soccer est en fait un résidu du colonialisme: «Àprès la première guerre mondiale, la population canadienne a connu une forte aversion pour ce qu’il restait du colonialisme anglais. Au même titre que le cricket, le soccer a été interprété comme un «sport d’anglais», et a par conséquent été fortement renié par la population.»