Il disait vouloir mourir en peignant. Le 15 octobre 1906, alors que Paul Cézanne peint «sur le motif» la montagne Sainte-Victoire, un orage foudroyant éclate. Cézanne continue malgré tout à peindre «sa» montagne pendant plusieurs heures. Courait-il après son destin ou était-il tout bonnement hypnotisé par la minéralité et les reflets de Sainte-Victoire, véritable obsession dans les dernières années de sa vie? On le ramènera mourant chez lui. Une semaine plus tard, cette figure illustre de la peinture moderne s’éteindra dans son appartement de la rue Boulegon à Aix-en-Provence.
L’année 2006 marque le centième anniversaire de la mort de Cézanne. Pour l’occasion, l’Office de tourisme d’Aix-en-Provence a développé un circuit touristique permettant d’approfondir l’oeuvre du père de la peinture moderne et de suivre ses traces dans cette Provence qu’il a tant chérie.
D’Aix à Arles en passant par l’Estaque et Gardanne, Paul Cézanne aura eu un rapport passionné, voire viscéral, avec le pays de son enfance. Après avoir tenté sa chance à Paris, il reviendra naturellement vers Aix. «Me revoilà tombé dans le midi dont je n’aurais jamais dû m’éloigner pour me lancer à la poursuite chimérique de l’art», écrira-t-il à Monet en 1895.
Il ne retrouva nulle part ailleurs l’intensité de la lumière, l’éclat des couleurs et la dureté des contrastes qui ont fait de la Provence un lieu de convergence des peintres de l’époque. Véritable peintre de la couleur, Cézanne sera parmi les premiers à faire apparaître les formes par la couleur, rendant les contours obsolètes. Brisant plusieurs des conventions de l’Académie, il peindra directement «sur le motif», c’est-à-dire à l’extérieur. Une véritable révolution pour l’époque.
L’oeuvre de Cézanne constitue un moment charnière dans l’histoire de la peinture. Il jettera les bases de la peinture moderne, pavant notamment la voie au fauvisme et au cubisme, en trouvant un passage vers «autre chose». En une soixantaine d’années, le classicisme laissera sa place à la peinture moderne.