La Somalie, terre de pirates

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Publié 08/06/2010 par Gabriel Racle

Qu’il est loin le temps où régnait dans cette région du Moyen-Orient et de la Corne de l’Afrique une paix inégalée entre le royaume d’Israël et le Royaume de Saba, à la suite de la fastueuse rencontre à Jérusalem entre le roi Salomon et la reine de Saba, vers 960 avant notre ère! Légende que tout cela? Sans doute pour une bonne part.

Car le royaume de Saba et sa reine s’entourent toujours de mystère et les archéologues se disputent la découverte de son palais, au Yémen pour certains, en Éthiopie pour d’autres. Et les traditions légendaires de ces pays revendiquent le royaume de Saba comme partie de leur patrimoine.

La Somalie

Et la Somalie dans toutes ces histoires? L’actuelle Somalie, située à la Corne de l’Afrique, a, dans un passé lointain, fait partie, au moins partiellement, du royaume éthiopien d’Aksoum (IIe-VIIIe siècle) puis, à la suite de l’implantation de tribus arabes, est devenue le sultanat d’Adal.

Le pays s’islamise alors sous l’influence de missionnaires chiites venus d’Iran. Les Somali, pasteurs-nomades installés au nord de la Corne de l’Afrique, commencent aussi à migrer vers cette région et s’y installent dans le territoire qui forme l’actuelle Somalie (XVIe siècle), qui passe sous la domination du Yémen puis de l’Empire ottoman.

La région ne tarde pas à intéresser les Européens, surtout après l’ouverture du canal de Suez, le 17 novembre 1869. Les Britanniques occupent le nord de la Corne de l’Afrique et forment le Somaliland britannique. L’Italie occupe le sud, auquel Mussolini ajoute l’Éthiopie après sa conquête, puis la partie britannique jusqu’à la fin de la guerre. L’ONU accorde l’indépendance à l’ensemble somalien en 1949, sous un mandat de 10 ans confié à Rome en 1950.

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Indépendance

Le 1er juillet 1960, la Somalie devient pleinement indépendante et fusionne ensuite avec le Somaliland. Il s’ensuit des rivalités entre factions politiques et entre clans, une guerre civile, une intervention de l’ONU qui est un échec, la création de régions autonomes, la république du Somaliland, en 1997, puis le Puntland au nord-est, en 1998, ne laissant au gouvernement somalien que le Sud, marqué par des affrontements entre l’Alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme (ARPCT), une alliance entre des chefs de guerre et le gouvernement de la Somalie, soutenue par Washington, et l’Union des tribunaux islamiques. La capitale Mogadiscio est dévastée par des combats incessants.

La piraterie

C’est dans ce contexte anarchique de guerres, de faillite de l’autorité et des structures étatiques, qui dure depuis plus de 15 ans, que la piraterie a fait son apparition dans la zone stratégique empruntée par les navires pour gagner le canal de Suez, puis plus au large dans l’océan Indien, jusqu’aux abords des îles Seychelles, à 1500 km des côtes somaliennes.

Pour comprendre ce mouvement, ou comment des pêcheurs sont devenus pirates, il faut lire l’excellent petit livre de Laurent Mérer, Moi, Osmane pirate somalien, Monaco, Éditions Koutoubia, 2009, 122 p. L’auteur, ancien vice-amiral d’escadre, connaît bien le sujet. Il a dirigé les opérations navales dans l’océan Indien et a confronté la piraterie dans cette région.

L’auteur s’est mis à la place d’un jeune somalien, Osmane, pour faire comprendre comment on devient pirate. Un tragique destin l’a conduit de Mogadiscio en ruine jusqu’au village de Garaacad, où il partage la rude vie des hommes de la côte. Pourquoi ces pêcheurs sont-ils aujourd’hui ces pirates qui défient les flottes des plus grandes puissances? Laurent Mérer nous plonge au cœur d’une dramatique histoire, une histoire d’aujourd’hui, dans un bref roman intense et dynamique.

Dans cet ouvrage original, la fiction réaliste, inspirée par l’histoire réelle, est suivie d’une analyse rigoureuse de la situation. La piraterie est devenue un métier, elle est l’économie d’une région qui permet à une population abandonnée de survivre.

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«Cette émouvante histoire est un sujet sensible et grave qui nous amène à réfléchir sur nos comportements et les actions menées sous divers pavillons en faveur de la paix entre les peuples, l’échange et le respect des territoires, la politique menée à bien afin que ces populations en danger dans leurs pays soient considérées et aidées», conclut une lectrice.

L’analyse que fait L. Mérer de divers moyens pour contrer les pirates sur mer, débouche finalement sur une conclusion qui se dégage d’ailleurs de la partie romanesque.

C’est à terre que la piraterie peut se régler. «Le fléau ne sera éradiqué à l’avenir que si les nations mettent la même détermination pour aider la Somalie à retrouver sa place dans le concert des nations et à restaurer son économie.» (p. 111)

«À la fois un roman poignant et une analyse saisissante, Moi, Osmane, pirate somalien est un livre unique concernant le vaste sujet de la piraterie moderne. Un livre à découvrir!» (Bibliotheca – Dans l’Univers des Livres)

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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