Escapade à Montréal: décompression printanière garantie

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Publié 01/06/2010 par Charles-Antoine Rouyer

Montréal au printemps, c’est le soleil et la ville avant la cohue des festivals. Et gare cette année à un mois de juin surchargé, avec les Francofolies déplacées en juin (8-19 juin), une semaine à peine avant le Festival de Jazz (25 juin-6 juillet), dans la foulée du Grand prix de formule Un (7 juin).

Pour ma part, au programme d’une décompression printanière de quatre jours à la mi-mai dernier: Totem, le dernier spectacle du Cirque du Soleil, dans une mise en scène ciselée de Robert Lepage; l’exposition sur Miles Davis au Musée des Beaux-Arts, époustouflante et seule étape nord-américaine; le film Gainsbourg, vie héroïque, un conte-documentaire aussi émouvant qu’édifiant sur la vie complexe de l’artiste; et en prime, un après-midi champêtre au Jardin botanique en fleurs exhalant tous leurs parfums.

Cirque du Soleil

Présenté en première mondiale dans le Vieux-Port de Montréal (avant Québec puis l’Europe), le spectacle Totem associe deux grosses pointures québécoises dans l’art de la féerie scénique: le Cirque du Soleil et Robert Lepage.

La perfection artistique du Cirque du Soleil, visuelle, musicale, acrobatique, se fond ici avec la clarté de la narration et la maîtrise des technologies audiovisuelles de Robert Lepage. Totem raconte le périple de l’espèce humaine, de son état primitif d’amphibien jusqu’à son désir ultime de voler.

Et si cette trame narrative n’est pas toujours évidente, la beauté du spectacle et les éblouissantes acrobaties – entrecoupées, tradition du clown au cirque oblige, de capsules humoristiques – captivent les spectateurs d’un bout à l’autre des deux heures de spectacle.

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La particularité de Totem réside résolument dans l’utilisation de l’espace scénique. En forme de tortue géante, la scène principale incarne le symbole originel de plusieurs civilisations anciennes, dont les Amérindiens. Le fond de scène en bambous vert complète la saveur naturaliste du thème de Totem. Mais c’est certainement l’utilisation d’un énorme «rocher» à l’oblique, entre scène et fond de scène, qui révèle la griffe Lepage.

La surface en pente où évoluent les artistes joue en même temps le rôle d’écran de cinéma. Le metteur en scène y projette diverses ambiances: la surface d’un lac la nuit où se miroite le reflet du clair de lune; la lave rougeoyante d’un volcan évoluant lentement; et par-dessus tout, la silhouette de nageurs en transparence sous l’eau et qui, une fois leur image arrivée aux confins de la scène, jaillissent alors en chair et en os cette fois, dans un synchronisme parfait.

Côté acrobaties, on retiendra un danseur autochtone enlacé dans des cerceaux à un rythme effréné; six monocyclistes jongleuses orientales qui repoussent les limites de l’adresse et du possible; un groupe d’équilibristes masculins russes, sur des barres soutenues par la force musculaire, presque surhumaine; un duo homme-femme sur patins à roulettes, associant dans un mouchoir de poche sensualité avec vitesse et minutie des numéros.

Miles Davis au MBA

Si Totem était la raison principale de cette fin de semaine prolongée à Montréal, l’exposition sur Miles Davis (Musée des Beaux-Arts) s’est avérée aussi mémorable, sinon plus.

We Want Miles ou le jazz face à sa légende, est une longue promenade multimédia au fil de la vie du trompettiste noir américain (1926-1991), ponctuée de bouffées musicales illustrant chaque étape de l’évolution musicale de ce «Picasso du jazz» (en collaboration avec la Cité de la Musique à Paris).

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L’exposition est organisée en huit parties, depuis ses débuts à St. Louis du Mississippi, à son départ pour New York pour rejoindre Dizzie Gillespie et Charlie «Bird» Parker, les maîtres du be-bop, jusqu’à ses propres expérimentations musicales et découvertes de jeunes musiciens devenus célèbres (Herbie Hancock, Chick Corea, Jack De Johnette, Keith Jarrett), sans oublier le racisme ambiant envers les noirs et une toxicomanie finalement maîtrisée.

We Want Miles comprend de nombreuses trompettes de l’artiste (et un saxophone de John Coltrane), des photos, des extraits de films (concerts, entrevues, «Ascenseur pour l’échafaud»), des pochettes de disques et les originaux de tableaux psychédéliques commandés pour illustrer certaines pochettes, des costumes de scène.

Le cœur de chaque partie (et le génie de l’exposition) est une petite salle musicale où l’on peut écouter, assis tranquillement, des extraits témoignant du style de l’artiste à ce moment, peinte à chaque fois d’une couleur illustrant la période: mauve pour St. Louis, bleu pour Kind of Blue, rouge pour la période intimiste avec l’arrangeur canadien Gil Evans (dont Sketches of Spain), jaune pour la transition à l’électrique et les nombreuses expérimentations rock.

(Note: j’ai passé plus de trois heures de visite, sans avoir pu tout voir; un conseil précieux que je partage: arriver à l’ouverture – 11h en semaine, prendre une pause repas à midi puis poursuivre la visite et dans mon cas, revenir en soirée pour terminer la visite avant la fermeture à 21h.)

Gainsbourg et Jardin botanique

Autre fresque de la vie d’un artiste musical, le film Gainsbourg, vie héroïque, permet de replacer les nombreuses chansons célèbres du compositeur et interprète dans le contexte de la vie de l’homme. Un conte plutôt qu’une fiction ou un documentaire, le film intègre des animations pour évoquer la vie intérieure torturée de l’homme et des interprétations souvent frôlant les sosies (Éric Elmosino, un «Gainsbarre» plus vrai que nature ou Laetitia Casta en Brigitte Bardot pulpeuse et enjôleuse).

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Enfin, pour profiter de la belle température et ne pas rester enfermé tout le temps, le Jardin botanique au printemps est certainement une figure imposée, à quelques stations de métro du centre-ville, aux abords du stade olympique.

La saison printanière est en avance de deux semaines cette année, mais de nombreuses essences seront encore en fleurs début juin, dont: certains lilas communs et les lilas à floraison tardive du Jardin des Premières nations, les marronniers, les rhododendrons, les genêts, le muguet, les fuchsias, les violettes, les iris, entre autres.

Le Jardin botanique propose une vaste diversité de cadres, depuis le vaste arboretum où déambuler en toute liberté ou bien le jardin des Lilas et son ruisseau fleuri, jusqu’à des jardins plus travaillés (jardins d’expositions, des nouveautés, des Premières nations, roseraie) et des jardins plus intimes (jardin alpin, jardin de Chine et sans doute le joyau, le jardin japonais.)

Il est conseillé de commencer par l’arboretum et redescendre vers l’entrée, pour terminer avec la lumière rasante en fin d’après-midi sur le jardin de Chine et japonais.

Où dormir : Hôtel Germain (www.germainmontreal.com), hôtel boutique tiré à quatre épingle, intime et sobre, à deux pas du Musée des Beaux-Arts, du métro pour se rendre dans le Vieux-Port, du musée du textile McCord (exposition sur les costumes du Cirque du soleil.) et non loin du pied du parc de la Montagne (via le campus McGill) ou de la rue Saint-Denis (cinéma quartier latin.)

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Pour s’y rendre : train ou avion ? Porter Airlines offre 23 vols par jour depuis le centre-ville, avec un enregistrement plus rapide et plus convivial ; il faut toutefois arriver au moins 45 minutes à l’avance. À l’arrivée à Dorval, un nouveau bus direct des transports en commun (7 $ avec une carte illimitée pour la journée ou 14 $ pour 3 jours) se rend à la gare Bonaventure en 40 minutes. Au total il faut donc environ 3h00. À comparer au train en 5h00 (mais avec accès Wifi cela permet de travailler mais il faut se lever très tôt…)

À noter également
. les Tams-tams de la Montagne le dimanche : la réunion très hippie en plein air ; pittoresque et énergique.
. les pique-niques électroniques, un festival en plein air de musique électronique, tous les dimanches de 14 à 21h, sur l’île Saint Hélène (10 $, du 23 mai au 3 oct. www.piknicelectronik.com).
. Découvrir le Mont-Royal : le plus beau point de vue sur la ville ; les Amis de la montagne proposent des randonnées guidées, balladodiffusions à télécharger et carte interactive (www.lemontroyal.qc.ca) ou simplement découvrir le pied de la montagne par le campus McGill.
. Promenade sur les quais du Vieux-Port et dégustation de homards des Iles de la madeleine près de la première écluse du Canal (www.muvboxconcept.com)
. Pop-up : des raves culinaires ou restaurants furtifs, la nouveauté montréalaise venue de New York, soit des soirées gastronomiques dans des lieux privés et révélés à la dernière minute, par le traiteur Avocado; soirée exceptionnelle pour la première le 13 mai dans un loft d’artiste du plateau (s’inscrire à : [email protected]).
. Les vélos Bixi : bicyclettes en libre-service à 5 $ par jour (et qui arrivent à Toronto). Mais attention : l’interface pour sortir un vélo semble compliquée au premier abord.
. Moins aimé : le nouveau spectacle sur Saturne du Planétarium ; certes pour les 9 ans mais manque de cohérence.

Pour en savoir plus :
. Totem, 22 avril-11 juillet, 55 à 135 $, 16h ou 20h ; 13h et 17h le dim ; (22 juillet-29 août à Québec)
. We want Miles, 30 avril-29 août, 15 $, www.mbam.qc.ca
. Gainsbourg vie héroïque, quartier latin
. Jardin botanique, 9-18 h, 16,50 $, museumsnature.ca
. Carte Musées Montréal : différentes versions dont la carte 3 jours, transports et entrées illimitées dans 34 musées, 50 $, www.museesmontreal.org

Ce reportage a été réalisé grâce à la collaboration de Tourisme Québec (www.bonjourquebec.com), Tourisme Montréal (www.tourisme-montreal.org) et de Porter Airlines (www. www.flyporter.com, 23 vols quotidiens Toronto-Montréal)

Guide Ulysse Montréal : incontournable en français sur la métropole québécoise (24,95 $ – guide numérique ou chapitres individuels – randonnées, restaurants, tour d’Afrique – téléchargeables en PDF sur www.ulysse.ca))

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