Trois belles triques, attachées en faisceau accueillaient le visiteur de l’exposition de François-X Chamberland, à la Propeller Galery, 984 rue Queen west, du 17 au 28 février.
Le béotien qui arrive se dit qu’il s’est déplacé pour une des ces «Installations» à la mode, une imposture de plus de l’art des temps modernes. Je me rappelais celles du Musée d’Art Moderne d’Ottawa, avec sa poubelle renversée, intitulée «Vierge marrie», et le splendide tableau, tout noir, entièrement noir, dont le nom m’échappe, mais qui était sensé symboliser la métaphysique du néant.
Heureusement, toute une classe d’écoliers arrivait et ce tableau noir sans craie les a bien fait rigoler.
Mais, à côté des charlatans, il y a ceux qui ont la foi dans leur art. Chamberland est de ceux-là. On le sent ingénu, inspiré, prêt à transformer un râteau d’enfant en objet divinatoire.
Il ramasse chez son ferrailleur, toute pièce qui lui paraît insolite, la regarde, la tourne, retourne et l’inspiration lui vient. Il a créé un objet poétique.
Une centaine de créations insolites de Chamberland sont ainsi exposées, pas très loin du Museum of Modern Art. Dans ce dernier lieu, rien de bien révolutionnaire. C’est un peintre qui expose, en multipliant les genres – de quelques abstractions sages, en passant par des portraits presque classiques, jusqu’à de fort jolis tableaux d’arbres vus sous des angles inattendus.