Généralement, le fait d’évoquer des œuvres d’art fait songer à ces musées dont les collections contiennent de prestigieux chefs-d’œuvre ou qui présentent des expositions temporaires très courues, parce qu’elles offrent l’occasion de contempler des œuvres uniques, bien difficiles à admirer la plupart du temps.
Et si l’on songe plus précisément à des paysages, on aura sans doute à l’esprit les somptueux tableaux de Van Gogh, les paysages tranquilles de Renoir ou l’éclat fulgurant de ceux de Vlaminck.
À moins que tout simplement, ce ne soit les effets nacrés des cristaux de glace ou des flocons de neige de nos hivers, la verdoyance fleurie de nos étés ou nos forêts flamboyant de rouge et d’or à l’automne qui nous viennent à l’esprit. Mais, en prenant à contrepied l’expression classique, il ne faudrait pas que la forêt nous cache l’arbre.
Des chefs-d’œuvre de la nature
Et c’est sans doute ce qu’a pensé Cédric Pollet, photographe naturaliste, qui s’est attaché à saisir ce qui attire moins notre attention lorsque nous regardons un arbre, son écorce. Il résume ainsi la situation: «On passe tous les jours devant des chefs-d’œuvre de la nature sans y prêter attention.» Pour attirer note attention, il vient de publier un superbe livre, étonnant et fascinant: Pollet, Cédric. ÉCORCES, Voyage dans l’intimité des arbres du Monde, éditions Ulmer, 192 p., grand format, 400 illustrations, des photographies qui «n’ont fait l’objet d’aucune manipulation colorimétrique».
C’est le fruit d’une dizaine d’années passées à parcourir 25 pays dans cinq continents, pour photographier… des écorces: «cet épiderme externe des arbres, mais aussi par extension des herbes géantes (palmiers, bambous, fougères etc.), dont la structure est cependant différente».