Cent ans après le Manifeste du futurisme, déclaration polémique chantant la modernité, peut-on dire que l’accélération de nos sociétés… ralentit? En lançant son exposition La vitesse et ses limites, le Centre canadien d’architecture, au centre-ville de Montréal, veut nous faire réfléchir sur la place qu’occupe la vitesse dans notre société.
Depuis quelques années, des mouvements qui célèbrent la lenteur commencent à émerger. Par exemple, le «slow food» cible la restauration rapide. On voit apparaître parmi les bestsellers des livres qui questionnent notre rapport à la vitesse. Ces manifestations tranchent avec l’accélération constante que notre monde a connue au cours du 20e siècle.
C’est ce paradoxe que l’Américain Jeffrey Schnapp, le commissaire de l’exposition, a voulu explorer. «Une ambivalence persiste même si notre quotidien continue d’accélérer d’une manière qui continue à définir notre identité et notre sens de la communauté ».
M. Schnapp, directeur du Laboratoire des sciences humaines à l’Université Stanford et auteur de plusieurs autres expositions, a choisi ces thèmes pour éviter les icônes habituelles de la modernité. Au lieu de montrer des voitures rapides ou les robots d’une chaîne de montage, le commissaire s’est intéressé à des aspects du sujet qui passent souvent inaperçus, comme l’augmentation de l’efficacité dans les bureaux ou les cuisines occidentales.
«Notre environnement a été tellement transformé pour permettre l’accélération de chaque élément de notre existence, que la vitesse est devenue aussi omniprésente qu’invisible», explique-t-il.