«Une icône de notre temps», un artiste «audacieux» mais «humble» et «pudique», «un frère»… Au lendemain de la mort d’Alain Bashung, emporté par un cancer à 61 ans, les hommages se multipliaient dimanche pour saluer la mémoire de l’interprète des Vertiges de l’amour, Osez Joséphine, ou encore La nuit je mens.
«On n’a pas fini de se rendre compte à quel point son oeuvre va être durable: il y a une oeuvre globale» qui a commencé avec son premier album, Romans Photos, en 1977, et qui s’est poursuivie jusqu’au dernier, Bleu Pétrole, en 2008, estimait ainsi sur France-Info Jean Fauque, parolier de Bashung sur plusieurs de ses albums. «Il faudra toujours rattacher l’un de ses albums, quel qu’il soit, aux autres. Il y a une cohésion qui est très étonnante, malgré la diversité musicale dans tous les genres qu’il a pu aborder.»
Artistes et proches soulignent le caractère à la fois innovateur et populaire d’une carrière entamée dans les années 1960 et qui aura vu l’ancien étudiant en comptabilité passer du rock «à la française» de Gaby Oh Gaby à des chansons inclassables telles que Madame rêve ou Ma petite entreprise. Une carrière jalonnée de 11 Victoires de la Musique, un record, dont les trois dernières remportées le 28 février dernier, lors d’une cérémonie en forme d’adieu qui devait marquer sa dernière apparition publique.
Pour Boris Bergman, qui fut l’un de ses paroliers dans les années 1980, Bashung restera comme «le chanteur qui a pu montrer qu’on pouvait faire du rock’n’roll en français».
Outre «l’icône de notre temps» à l’écriture «dense, à fleur de peau, singulière» saluée par l’ancien ministre de la Culture Jack Lang, et «l’immense poète (…) chanteur engagé» évoqué par le président Nicolas Sarkozy, tous se rappellent la réserve et la pudeur de Bashung, artiste influent pourtant plus à l’aise sur scène que dans les médias.
«Sur le plan humain, il était finalement aux antipodes de ce qu’il chantait, parce que ce qu’il chantait était très provocateur et lui, dans la vie, était le contraire», déclarait sur RTL Françoise Hardy, qui avait invité le chanteur pour un duo sur son album Parenthèses.