Avec des romans comme Le Totem des Baranda, Le Dernier Roi faiseur de pluie et Les morts ne sont pas morts (prix Christine-Dimitriu-van-Saanen), Melchior Mbonimpa nous a habitués à des histoires dont l’action se déroule dans l’Afrique des Grands Lacs. Sa nouvelle création, La Terre sans mal, ne fait pas exception, sauf que l’action est d’abord ancrée au Canada, à Toronto plus précisément. La Terre sans mal est un roman qui embrasse des thèmes aussi variés que l’amour, l’immigration, la terre d’accueil, le métissage et l’universalité.
Melchior Mbonimpa ressort sa plume de conteur pour nous livrer le récit de Teta, une Africaine exilée au Canada avec trois enfants en bas âge à la suite du meurtre de son mari. Celui-ci, ministre des Finances, a été assassiné lors des troubles entre castes qui ont éclaté dans un pays de l’Afrique des Grands Lacs. Le pays n’est jamais mentionné. On parle d’un «pays minuscule», d’un pays qui a connu le génocide, d’un pays à «douze provinces», d’un pays aux cours d’eau nommés Sizi, Kivou et Tanga. Il s’agit, de toute évidence, du Rwanda.
La protagoniste Teta a trouvé refuge au Canada, mais la vie dans cette terre d’accueil/terre promise est parsemée d’écueils et l’intégration s’avère difficile. À 45 ans, Teta est au bord de la folie. Ses trois garçons dérivent dans une société tellement différente de leur culture d’origine, tant et si bien que Teta se résigne à se confesser au père Robert dans l’espoir que ce long pèlerinage de la mémoire lui permettra de reprendre pied, de se libérer du poids des années. Au fil de son histoire, c’est autant le passé en Afrique – la jeunesse de Teta, la vie de famille, son mariage, les cloisons entre les castes – que le présent au Canada qui nous sont révélés.
Teta est minée par un poison de l’intérieur. Elle prend le père Robert en otage. Elle se dit que, «même si on ne peut effacer son passé en le transmettant à quelqu’un d’autre, il est possible d’en répartir le poids entre plusieurs personnes».
Teta est une femme en détresse qui a besoin d’un prêtre qui sait écouter. Le père Robert remplit cette fonction en se disant qu’il y a une dixième béatitude qui manque à la liste: «J’avais un urgent besoin de parler et tu m’as prêté une oreille attentive !»