Élèves en quête d’avenir

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Les finissants du secondaire sont souvent incertains face aux choix de carrières et d'études supérieures qui s'offrent à eux. Photo: iStock.com/Mananya Kaewthawee
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Publié 24/11/2025 par Andréanne Joly

Ce n’est pas d’hier que les élèves du secondaire ont du mal à choisir une carrière. À la peur de se tromper s’ajoutent aujourd’hui des enjeux de santé mentale, la connexion constante et la montée fulgurante de l’IA. Les conseillères et conseillers en orientation portent-ils trop de chapeaux pour les aider?

«Un élève qui a 14 ans ne sait toujours pas ce qu’il peut faire», lance la conseillère pédagogique chargée de l’orientation au Conseil scolaire catholique MonAvenir, Marie Moftah.

D’instinct, les jeunes se tournent vers les carrières que la spécialiste qualifie de classiques: médecin, architecte, infirmier. Très peu rêvent de conduire un camion.

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Des drapeaux d’universités à l’école secondaire Toronto Ouest. Photo: Andréanne Joly, l-express.ca

En plus, ajoute-t-elle, le marché change tellement rapidement qu’il est impossible de prévoir quelles seront les perspectives de carrière dans deux ou quatre ans.

Dans ce contexte, le personnel enseignant responsable de l’orientation mise sur les habiletés transversales plutôt que sur les connaissances afin que leurs élèves s’ouvrent le plus de portes possible.

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Les parcours se diversifient

«L’idée générale de différents parcours avance», constate Marie Moftah, qui profite d’une douzaine d’années d’expérience en orientation. Le collège, les métiers spécialisés, l’apprentissage et le service communautaire gagnent leurs lettres de noblesse, mais très lentement.

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Marie Moftah. Photo: courtoisie

D’une part, la culture des métiers n’est pas enracinée dans le Toronto francophone. D’autre part, l’immigration est la réalité d’un grand nombre d’élèves, pour qui les parents souhaitent un parcours universitaire, a constaté la conseillère.

Cependant, les élèves n’ont pas toujours le rendement scolaire qui leur permet d’avancer dans le domaine ciblé. «Ça cause des problèmes chez l’élève. Tant dans son esprit, tant avec ses parents.»

L’ajout de ressources chez les élèves de 7e et 8e années et d’autres pour faire valoir les métiers spécialisés en 9e et en 10e année à l’automne 2024 aidera-t-il les élèves à cheminer et les conseillers, conseillères à mieux répondre à leurs questions?

Beaucoup de questions, peu de ressources

«Qu’est-ce qui m’intéresse? Qu’est-ce qui ne m’intéresse pas? Quels cours devrais-je choisir? Où irai-je? Quel genre de carrière existe?» Ce sont de vraies questions que les élèves se posent, affirme Annie Kidder, cofondatrice et directrice générale de l’organisme People for Education. «Ils ont besoin d’aide pour y répondre.»

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Annie Kidder. Photo: courtoisie

Ces professionnels, précisons-le, sont des enseignants qui ont suivi une formation d’appoint. Contrairement à leurs collègues du Québec ou du Manitoba, ceux et celles de l’Ontario ne sont pas encadrés par un ordre professionnel.

Selon People for Education, les écoles secondaires comptent en moyenne un conseiller en orientation pour 375 élèves. Dans 10% des écoles, cependant, le ratio est de 1 pour 687 élèves. Du côté francophone, Marie Moftah rapporte une moyenne de 400 ou 450 élèves par conseiller en orientation.

Une charge éclatée

«Nous devrions nous assurer qu’il y a assez de conseillers en orientation, qu’ils sont assez formés et qu’ils ne sont pas dépassés par leur charge de travail», indique Annie Kidder.

Elle ajoute que «lorsqu’on demande aux conseillers en orientation à quoi ils consacrent leur temps, on a l’impression qu’ils sont tiraillés dans tous les sens».

Leur tâche ne s’arrête pas au cheminement de choix de carrière en tant que tel. Annie Kidder et Marie Moftah multiplient les exemples: comités d’admission, soutien administratif, coordination des programmes de majeure haute spécialisation ou d’apprentissage expérientiel…

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Résultat : ils sont souvent perçus comme des relais d’information sur les formations, les établissements postsecondaires et les possibilités d’aide financière.

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Des prospectus d’universités à l’intention des finissants des écoles secondaires. Photo: Andréanne Joly, l-express.ca

La santé mentale dans l’équation

Pourtant, la tâche se veut très humaine et très sociale, croit Marie Moftah. «C’est très visé vers la santé mentale de l’élève.»

À ce chapitre, Annie Kidder cite une nouvelle lourdeur qui pèse sur les épaules des services d’orientation. «Depuis la pandémie, le pourcentage d’enfants qui déclarent avoir des problèmes de santé mentale, être déprimés ou anxieux a considérablement augmenté.»

Ce n’est pas qu’une question d’adolescence, dit-elle. Elle explique ce mal-être par les réseaux sociaux et l’écoanxiété; Marie Moftah ajoute à ces exemples le bullying, la consommation de drogues et la violence armée.

Cette dernière souhaite que le service d’orientation veille à ce dossier, puisqu’il connait mieux la population d’une école qu’un travailleur social, qui visite ponctuellement quelques élèves. «Mais [l’orienteur] a besoin d’aide. Le résultat, c’est qu’il voit [les élèves] qui ont des problèmes ou qui tapent à sa porte tout le temps. Mais un élève réservé passe inaperçu.»

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La baguette magique

Si elles avaient une baguette magique, Marie Moftah et Annie Kidder ajouteraient des ressources dans les services d’orientation des écoles secondaires. «Que l’orienteur ait le temps de voir tout le monde, ça, c’est très important», réitère la première.

«Ce serait génial si tout élève pouvait rencontrer un conseiller pour lui poser des questions sur soi, ses relations, les possibilités d’avenir et les cours à prendre l’année prochaine», souhaite Annie Kidder.

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Que faire après le secondaire? Image: Rapport sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire

Qu’en est-il du postsecondaire francophone?

Selon un rapport de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire paru en 2022, «les conseillers et conseillères d’orientation ont une connaissance limitée des établissements postsecondaires francophones ou […] véhiculent des opinions négatives à leur sujet.»

Ce constat cadre avec une récente analyse de Statistique Canada, qui révèle que 45% des élèves des écoles secondaires de langue française en situation minoritaire poursuivent des études universitaires en français.

Marie Moftah explique ces résultats par le nombre limité de programmes offerts en français à Toronto et le rayonnement de certaines institutions.

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Pour avoir accès à certains programmes, les élèves doivent déménager à plusieurs centaines de kilomètres, comme à Sudbury ou à Ottawa. «Donc, financièrement parlant, c’est plus compliqué», poursuit-elle.

Auteurs

  • Andréanne Joly

    À titre de journaliste et de rédactrice, Andréanne Joly couvre les communautés francophones de l'Ontario et du Canada depuis 25 ans. Elle collabore notamment avec Francopresse, Le Voyageur de Sudbury et L'Express de Toronto. Elle travaille principalement à des dossiers liés à l'histoire, à la culture et au tourisme.

  • l-express.ca – IJL

    l-express.ca est le média franco de Toronto et du Centre-Sud de l'Ontario. L’Initiative de journalisme local (IJL) est un programme financé par le gouvernement du Canada.

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