Les jeunes à l’aube du postsecondaire

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La pandémie a eu des répercussion sur la santé mentale des finissants du secondaire, au point où des collèges et universités s'ajustent. Photo-montage: Francopresse
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Publié 03/11/2022 par Marianne Dépelteau

La 12e année du secondaire représente une période charnière pour de nombreux élèves. Ceux qui choisissent de poursuivre leurs études dans un établissement postsecondaire doivent prendre des décisions importantes tant sur le plan académique, économique que linguistique.

Dans la série Le secondaire et après, Francopresse va à la rencontre de finissants pour mieux comprendre leur processus décisionnel dans ce changement de chapitre dans leur vie.

À la rencontre des finissants

Dans quel programme étudier? Quel établissement choisir? Poursuivre ses études en français ou en anglais? Faudra-t-il déménager? Combien vont couter mes études? Voilà un échantillon de questions auxquelles sont confrontés les élèves de la 12e année qui souhaitent poursuivre des études postsecondaires.

Dans la foulée des diverses crises qui ont frappé le secteur au cours des dernières années, Francopresse a choisi de donner la parole aux jeunes. Pendant leur dernière année d’études au secondaire, des élèves partageront leurs réflexions qui les mèneront vers un nouveau chapitre de leur vie.

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Alexis Gasc, de Vancouver, Colombie-Britannique. École secondaire Jules-Verne. Intentions: Génie mécanique, Université McGill, Montréal. Photo: courtoisie

Alexis Gasc, Vancouver

Alexis Gasc est né et a grandi à Vancouver. Il a toujours étudié en français sauf en 10e année où il a participé à un programme d’un an offert dans une école de langue anglaise.

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Il qualifie sa dernière année à l’école secondaire Jules-Verne d’excitante, stressante et nostalgique: «C’est vraiment ma dernière année pour voir les gens avec qui j’ai passé toutes mes années de secondaire. C’était vraiment un choc, même si j’étais prêt, mais j’ai hâte.»

Alexis n’a pas beaucoup de temps de penser aux adieux. En plus d’avoir un emploi et de s’impliquer dans des activités parascolaires, il est aussi président du conseil étudiant, capitaine de l’équipe de soccer et il complète le programme de baccalauréat international.

Parfaitement bilingue, Alexis vise l’Université McGill où il aimerait étudier l’ingénierie mécanique. «C’est vraiment pour vivre dans une autre ville, dit-il. J’ai de la famille là-bas et ç’a toujours été une ville que j’ai voulu voir en plus de détails et découvrir.»

Il considère soumettre des demandes d’admission aussi à l’Université de Montréal, à l’Université Laval et possiblement dans des établissements en France.

S’il le pouvait, il étudierait en français. «C’est un critère important pour moi, mais pas autant que la notoriété et à quel point une université est bonne.»

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Le joueur de soccer admet que de pouvoir faire partie de l’une des équipes de sport de l’Université McGill pèse dans la balance.

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Apollo Sévigny, de Yellowknife, Territoires du Nord-Ouest. École secondaire Sir John Franklin High School Intentions : Programme de sciences physiques, Université McGill, MontréalPhoto: courtoisie

Apollo Sévigny, Yellowknife

Apollo Sévigny habite Yellowknife et y a toujours vécu en français avec sa famille. «Iel» a fréquenté l’école Alain St-Cyr jusqu’en 9e année pour ensuite terminer son secondaire en immersion à l’École Sir John Franklin.

«C’est une école avec beaucoup plus d’opportunités, d’autres types de classes avec des professeurs entrainés pour des classes plus spécifiques. C’était une meilleure opportunité pour moi avec des classes plus avancées.»

La pénurie d’enseignants francophones a pesé sur l’éducation d’Apollo. «On avait des profs qui devaient enseigner cinq classes différentes à cinq niveaux différents. J’avais eu un prof de mathématiques qui devait enseigner les arts de 12e et qui n’avait aucune idée comment faire.»

Faisant partie du club LGBTQ, du club de santé mentale et du club de débats, Apollo se dessine un grand avenir. «Je voudrais entrer dans une université prestigieuse avec des cours de physique, de maths et de sciences […]. Je veux [comprendre] pourquoi on existe aux niveaux philosophiques et scientifiques.»

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Apollo a les yeux rivés sur l’Université McGill, à Montréal, pour étudier les sciences physiques et suivre un cours de mythologie grecque.

Le français lui tient à cœur, mais l’anglais est la langue de la science selon l’élève. «[À McGill], je suis quand même entouré·e d’une communauté francophone, mais je n’ai pas besoin de réapprendre un langage scientifique en français. Je le connaissais en français, mais j’ai dû changer à des cours de science avancés en anglais.»

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Anthony-Paul Huneault Thai, de Sudbury, Ontario. École secondaire Collège Notre-Dame. Intentions: Sciences biomédicales, Université d’Ottawa. Photo: courtoisie

Anthony-Paul Huneault Thai, Sudbury

Né en Colombie-Britannique, Anthony est arrivé dans le Nord de l’Ontario à l’âge de 4 ans. Issu d’une famille francophone, il a toujours étudié en français et souhaite que ça se poursuive ainsi. Après avoir dit au revoir au Collège Notre-Dame, il aimerait étudier à l’Université d’Ottawa.

Anthony se voit travailler dans le secteur médical plus tard et veut étudier la biochimie ou la biomédicale en français. «Toute ma famille est francophone, dit-il. Ç’a toujours été une fierté pour nous.»

Pour lui, pouvoir parler français «est un avantage que tu ne devrais jamais laisser tomber à l’eau». Conscient des défis dans l’accès aux soins de santé en français au Canada, Anthony est sûr que sa maitrise de la langue sera un atout.

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En avril 2021, les plans d’Anthony ont été bouleversés. «Je vois l’Université [Laurentienne] de mon balcon, alors ça aurait été logique pour moi d’aller à cette université», raconte-t-il. «Mais avec les problèmes financiers récents et le statut inconnu de l’université et de son futur, c’est juste plus logique pour moi d’aller dans une université plus stable.»

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Nyamae Alloway, de St. John’s, Terre-Neuve-et-Labrador. École secondaire Holy Heart of Mary. Intentions: Biologie ou anthropologie, Memorial University, St. John’s. Photo: courtoisie

Nyamae Alloway, St. John’s

La famille de Nyamae Alloway a quitté l’Ohio pour s’établir à Terre-Neuve-et-Labrador alors qu’elle avait 6 ans. Grâce à une scolarité en immersion, elle se dit complètement bilingue. «Quand j’ai commencé le français et l’école pour la première fois, c’était une expérience mémorable», dit-elle en se rappelant des défis et du sentiment de fierté qui viennent avec l’apprentissage d’une nouvelle langue.

Elle termine présentement son secondaire à l’école Holy Heart of Mary, à St. John’s, où elle est inscrite au programme de baccalauréat international. L’an prochain, elle veut rester à St. John’s pour étudier la biologie ou l’anthropologie à la Memorial University.

Nyamae espère un jour trouver un programme d’études bilingue et faire un échange en France. Elle souligne l’importance du français dans sa vie. «C’est une partie de moi maintenant, c’est une partie de mon identité.»

Le défi de l’immigration pour Nyamae

Nyamae et sa mère sont établies au Canada depuis 10 ans. En 2019, elles ont fait une demande de résidence permanente et elles attendent toujours de l’obtenir.

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Sans ce statut, Nyamae devra s’inscrire comme étudiante étrangère si elle souhaite étudier au Canada. Elle devrait alors payer 13 000 $ de plus par an qu’un étudiant ayant une résidence permanente. Par ailleurs, son statut actuel l’empêche de pouvoir occuper un emploi pour pouvoir payer ses études. Un contexte qui la préoccupe énormément.

L’importance et l’amour pour la langue de Molière sont des points en communs entre ces élèves. Ce n’est toutefois pas assez, des questions géographiques, économiques et d’occasion peuvent rapidement empêcher ces jeunes de poursuivre leurs études en français. Le système de soutien sera alors d’autant plus important dans ce dernier chapitre qu’est la 12e année.

Selon Statistique Canada, les études de premier cycle à Terre-Neuve-et-Labrador pour les années 2022-2023 coutent en moyenne 3 400 $ pour les Canadiens et 16 786 $ pour les étudiants étrangers.

Les prochaines étapes

Dans le prochain article de la série Le secondaire et après, les élèves discutent de l’importance d’avoir un système d’appui familial et académique pour prendre des décisions éclairées.

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