Roman fleur bleue de Mélanie Calvé

Mélanie Calvé, Les sœurs Drainville
Mélanie Calvé, Les sœurs Drainville, roman, Montréal, Éditions Fides, 2025, 240 pages, 27,95 $.
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Publié 12/11/2025 par Paul-François Sylvestre

Comme j’ai eu une sœur jumelle, un roman mettant en scène des jumeaux ou des jumelles pique toujours ma curiosité. J’ai été bien servi par Les sœurs Drainville, de Mélanie Calvé qui campe deux filles inséparables… jusqu’au jour où l’une d’elles ressent le besoin de suivre son propre chemin.

Les sœurs Drainville est le neuvième roman de Mélanie Calvé Je vous ai parlé, plus tôt cette année, d’Éveline, dont l’histoire était campée dans le Québec des années 1920. Cette fois, l’action se déroule toujours dans la Belle Province, mais au milieu des années 1930.

Juliette et Simone

Juliette et Simone sont physiquement identiques, partagent la même chambre et travaillent toutes deux à la manufacture Wabasso Cotton à Trois-Rivières. Elles rêvent de se marier le même jour. D’ici là, les jumelles Drainville vivent des jours calmes, chaleureusement entourées de leur famille.

Comme on peut s’y attendre, un nuage se pointe à l’horizon lorsqu’arrive un oncle inconnu des jumelles.

Léo, le père de Juliette et Simone, est en colère en voyant son frère Jean-Marie refaire surface. Ce dernier a été un déserteur lors de la Première Guerre mondiale alors que Léo a combattu au front.

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Soldats en détresse

Ce rebondissement permet à la romancière de souligner comment plusieurs soldats sont revenus brisés. «Si c’est pas la tête qui l’est, c’est le corps, sinon le cœur.»

Elle ajoute que certains soldats auraient préféré mourir au front plutôt que vivre avec tout ce qu’ils avaient vu. «La vraie guerre, c’était pas là-bas, c’est après.»

Le père des jumelles a parfois le verbe haut, surtout en parlant à son frère, et échappe alors un juron. Un calvince n’est pas surprenant. Ce qui étonne, ce sont les Saint-Jéritole-de-poivre-bleu, calvaire du Saint-Crème et saint bâtard de bœuf noir.

Une tante et une mère

Une tante des jumelles joue un rôle secondaire. Elle se croit atteinte de toutes sortes de maux qui sont neuf fois sur dix le fruit de son imagination. Mélanie Calvé écrit que cette tante Pauline est «du genre à chercher des nouilles dans la soupe aux pois».

La romancière brosse un portrait fort intéressant de Clara, la mère. On découvre une femme pondérée qui a trop à faire pour se lamenter sur son sort. Elle a un mari à raisonner, un beau-frère à aider, une belle-sœur à réconforter et un mariage à préparer.

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À la recherche d’un mari

La recherche d’un futur mari occupe une large place dans Les sœurs Drainville.

L’approche est différente, plus égocentrique et frivole chez Simonne, plus généreuse et réfléchie chez Juliette. Cette dernière est la première à dénicher la perle rare, au grand dam de sa jumelle.

Juliette rencontre les parents de son fiancé au Restaurant français, mais elle ne comprend pas grand-chose au menu: escargots de Bourgogne, escalope de veau au beurre noir, ris de veau Clamart, suprême de volaille Alexandra.

Après une gorgée de vin, elle trouve cela dégoûtant, voire infect. Heureusement, les convives s’entendent à merveille.

Relations familiales

À l’image d’une robe des jumelles, Mélanie Calvé signe un roman fleur bleue. Ce qui sauve la mise, c’est son art d’illustrer comment les relations familiales peuvent être mises à rude épreuve, même au tout début d’un mariage.

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Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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