Détourner le meurtre en ordonnant l’assassinat public

meurtre, Raymond Ouimet, La vengeance des mal-aimés
Raymond Ouimet, La vengeance des mal-aimés, Trois drames oubliés, essai, Québec, Éditions du Septentrion, collection Dossiers criminels, 2025, 174 pages, 24,95 $.
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Publié 19/11/2025 par Paul-François Sylvestre

Passionné d’histoire et de généalogie, Raymond Ouimet a puisé dans les archives judiciaires et dans la presse du début du XXe siècle pour revisiter trois affaires de meurtre ayant fait à leur époque couler beaucoup d’encre, mais ayant depuis sombré dans l’oubli. Il les présente avec force détails dans La vengeance des mal-aimés, Trois drames oubliés.

Meurtres

La première affaire se déroule en 1904 à Sainte-Scholastique, dans le district judiciaire de Terrebonne. Théophile Bélanger ne supporte pas le beau-frère avec qui il est tenu de vivre. La situation s’enflamme et un meurtre est perpétré. L’accusé écope de la peine capitale et, curieusement, meurt deux fois.

Le deuxième drame se passe à l’Ile aux Allumettes, dans le Pontiac, en 1933. Michael Bradley avoue avoir assassiné cinq membres de sa famille. Il répond à deux critères du MOM: moyen, occasion, mobile. Ce dernier critère ne saute pas aux yeux des policiers.

La troisième histoire a lieu dans la ville de Québec en 1934. Le facteur Rosario Bilodeau est accusé de six assassinats et de deux tentatives de meurtres. Était-il fou? Que reprochait-il à toutes ces personnes?

Vengeance

Dans Les Souffrances du jeune Werther, Johann Wolfgang von Goethe écrit: «Il suffit qu’une injustice du sort nous touche d’une manière fictive ou bien réelle pour que l’émotion attachée à la vengeance originaire se réveille…» D’où le titre qui coiffe l’essai de Raymond Ouimet: La vengeance des mal-aimés.

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Ouimet explique avec minutie comment «Trois homme ont causé la mort de douze personnes par désespoir et par vengeance pour mettre fin à leur souffrance.» Il souligne que la justice de la première moitié du XXe siècle avait le bras lourd, trop lourd.

«Souvent le gouvernement refusait même de commuer la peine capitale dans des causes où le meurtrier avait perdu la tête, et ce, même si le jury avait souligné que le condamné pouvait se prévaloir de circonstances atténuantes.»

Mine de renseignements

L’ouvrage de ce passionné d’archives fourmille de renseignements historiques. On y apprend que la première peine de mort a été infligé en 1642 quand le sieur de Roberval a fait pendre six hommes pour rébellion.

Entre 1642 et 1960, environ 351 personnes, dont 17 femmes, ont été exécutées au Québec. «La plus jeune personne pendue au Québec a été un certain B. Clément, 13 ans, exécuté à Montréal pour avoir volé… une vache.»

«La dernière personne à avoir subi la peine de mort au Québec a été Ernest Côté, exécuté le 11 mars 1960 à Montréal pour homicide lors du braquage d’une banque à Témiscaming le 10 juin 1959.»

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Abolition de la peine de mort

En 1902, le journal Le Temps (Ottawa) a appelé à l’abolition de la peine de mort. Ni la population ni même l’Église catholique n’étaient en faveur. Ce n’est qu’en 1976 que le Canada révoquera la peine capitale par une majorité de six voix à la Chambre des communes.

Voilà un ouvrage qui démontre à quel point il est absurde de punir l’homicide et de détourner les citoyens de l’assassinat en ordonnant… l’assassinat public.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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