L’autopartage en forte croissance à Toronto

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Communauto est à Toronto depuis 2018 et à Mississauga depuis le 11 juin 2025. Au lancement à Mississauga: Sangyoung Kim, gérante de la flotte; Stuart Bustard, gérant GTA; John Kovac, conseiller municipal de Mississauga; Jacqueline Hunter, gestionnaire de projet, Ville de Mississauga. Photo: Communauto
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Publié 16/09/2025 par Charles-Antoine Rouyer

L’autopartage connaît une forte croissance à Toronto avec à présent trois entreprises qui proposent ce service: Communauto, Entreprise CarShare et Zipcar.

L’autopartage permet de louer une voiture à l’heure, essence comprise. À l’image des vélos Bikeshare, les voitures sont en libre-service.

Le capital transport d’un ménage n’est ainsi plus immobilisé dans l’achat, l’entretien, l’assurance d’une voiture, mais permet d’utiliser une automobile si nécessaire.

«L’autopartage est un nouveau secteur de la mobilité en pleine expansion, rendu possible par l’essor de l’économie collaborative et des technologies mobiles», résume Laura McQuillan, porte-parole de la Ville de Toronto. «Les Torontois ont adopté ces services de covoiturage et la demande ne cesse de croître dans toute la ville.»

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Une voiture de Communauto à Toronto. Photo: Charles-Antoine Rouyer, l-express.ca

Alléger le fardeau financier

Le volet financier explique aussi cette croissance. «Posséder une voiture coûte en moyenne 16 644 $ par an au Canada», rappelle Mischa Young, professeur adjoint à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) à Montréal et spécialisé dans le transport urbain.

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«Beaucoup de gens constatent que ce choix ne fait plus de sens économiquement, et qu’il s’accompagne de nombreux désavantages (stationnement difficile, déneigement l’hiver, changement et entreposage des pneus saisonniers, entretien et bris imprévus, etc.)», précise l’ancien enseignant en Études des environnements urbains à l’Université de l’Ontario français.

Selon Marco Viviani, vice-président au développement stratégique de Communauto à Montréal, «un usager moyen a 38 ans et ne dépense pas plus de 1 000 $ en autopartage par année, essence et assurance incluses».

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Deux voitures Communauto en station. Photo: Charles-Antoine Rouyer, l-express.ca
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Communauto est disponible à Toronto, Mississauga, Ottawa et dans six autres villes ontariennes. Photo: Communauto

Moins de voiture

Le volet écologique de l’autopartage séduit aussi, notamment les jeunes. «Il y a une prise de conscience environnementale accrue chez les jeunes qui semblent être plus sensibles aux enjeux climatiques et à la pollution générée par les véhicules», note Mischa Young.

«Bien sûr, certains choisissent d’avoir une voiture pour des raisons autres que financières (confort, autonomie, statut social, etc.), mais même ces motivations semblent perdre de leur poids. Des recherches récentes montrent une tendance marquée chez les jeunes générations à remettre en question le modèle du “tout à la voiture”.»

Marco Viviani, de Communauto, précise que «les usagers déclarent qu’en moyenne ils ont réduit la distance parcourue en voiture de 36% en adhérant à l’autopartage, 66% utilisent régulièrement (tous les jours ou presque) le transport en commun, 68% la marche et 28% le vélo».

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(Zipcar et Entreprise CarShare n’ont pas répondu à nos demandes d’information.)

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Des stationnements sur une propriété privée. Photo: Charles-Antoine Rouyer, l-express.ca
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ZipCar est à Toronto, Mississauga et Scarborough et dans de nombreux collèges et universités locales, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Photo: ZipCar

Mobilité plus durable

Les avantages de l’autopartage seraient ainsi individuels et collectifs, pour la qualité de vie urbaine.

Laura McQuillan, porte-parole de la ville de Toronto confirme: «La ville considère les services d’autopartage comme une option de transport durable offrant de nombreux avantages potentiels pour les particuliers, les entreprises, l’environnement, les communautés et le réseau de transport.»

«Ce qui rend ce mode de transport durable, c’est aussi le fait de partager une même ressource», souligne Mischa Young de l’INRS.

«Une autre forme d’autopartage particulièrement intéressante est le modèle de type Turo, où les propriétaires mettent leur voiture à disposition des autres lorsqu’ils ne l’utilisent pas», précise Mischa Young.

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Les véhicules partagés stationnent moins longtemps, inutilisés. Il faut donc produire moins de voitures.

«Étant donné que les voitures urbaines passent environ 95% de leur temps stationnées, il s’agit d’une manière de maximiser l’utilisation des ressources existantes et transformer un actif sous-utilisé en un service utile pour la communauté», ajoute Mischa Young.

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Un panneau de stationnement pour des voitures Communauto. Photo: Charles-Antoine Rouyer, l-express.ca
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Une voiture Flex de Communauto dans la rue à Toronto. Photo: Charles-Antoine Rouyer, l-express.ca

Changement de cap à l’hôtel de ville

La croissance de l’autopartage provient aussi des technologies numériques, certes, mais peut-être surtout d’un assouplissement de la réglementation torontoise.

En 2018, l’autopartage Car2Go met la clef sous la porte et quitte Toronto, invoquant des coûts de stationnement prohibitifs et une réglementation trop rigide.

La Ville de Toronto lance alors un projet-pilote avec des règles plus souples, voire même allégées en avril 2024, y compris pour les voitures d’autopartage en stationnement libre.

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Car l’autopartage comprend des voitures dites «en station fixe» ou «en boucle»: il faut ramener le véhicule au point de départ. Mais Communauto, le chef de file à Toronto, est le seul qui propose aussi un service Flex (pour «flexible»): cela permet de prendre le véhicule au point A et le laisser au Point B, stationné dans la rue.

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Benoît Robert, président et fondateur de Communauto (le 2 juin 2025 à Montréal). Photo: Communauto
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Communauto est aussi en Île-de-France depuis 2012, et depuis octobre 2023 dans le Sud de la France, en partenariat avec Modulauto. Photo: Modulauto

Voitures en stationnement libre

Communauto est fondée en 1994 à Québec par Benoît Robert, dans le cadre de son projet de maîtrise en aménagement du territoire et développement régional à l’Université Laval. Communauto est aujourd’hui dans 18 villes sur deux continents.

«À ce jour, Communauto Flex est la seule entreprise d’autopartage à participer au programme d’autopartage en stationnement libre», résumait la Ville de Toronto dans un rapport en avril 2024.

«Au printemps 2024, le nombre de membres est considérable: environ 32 000 résidents se sont inscrits au service, ce qui représente une augmentation de 43% du nombre de membres au cours des 12 derniers mois», précise la municipalité.

Mais en 2025, la croissance fait qu’il manque des véhicules pour répondre à la demande.

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La ville indique avoir délivré des permis pour des voitures en boucle stationnées dans la rue: 26 pour Zipcar, 44 pour Enterprise CarShare et 32 pour Communauto. Mais les entreprises proposent d’autres voitures en boucle, depuis des stationnements privés. Au total, Communauto offre 500 véhicules en station fixe et 677 en mode flexible.

Zipcar et Entreprise CareShare n’ont pas répondu à notre demande d’information.

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