Pierre Poilievre reste dans un équilibre fragile, malgré sa victoire

Pierre Poilievre
Pierre Poilievre revient au Parlement avec les défis qui l’occupaient juste avant l’élection fédérale d’avril. Photo: Inès Lombardo, archives Francopresser
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 20/08/2025 par Inès Lombardo

Le chef conservateur Pierre Poilievre fera son retour à la Chambre des Communes suite à l’élection fédérale partielle qui a eu lieu le 18 août dans la circonscription de Battle River – Crowfoot en Alberta. Il est attendu par son caucus et de pied ferme par les Libéraux.

Pierre Poilievre a largement remporté l’élection dans la circonscription albertaine historiquement à majorité conservatrice. Il a reconquis la circonscription avec 80,4% des voix.

Le candidat conservateur Damien Kurek l’avait remporté à 82,84% des voix ce printemps. Il a démissionné pour laisser la place à son chef, qui n’avait pas été réélu dans Carleton en banlieue d’Ottawa, pour que celui-ci siège au Parlement.

Le faible écart ne permet pas d’émettre des conclusions sur l’avenir de Pierre Poilievre, estime le professeur de science politique au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, Frédéric Boily.

Pierre Poilievre
Pierre Poilievre le soir de sa victoire en Alberta. Photo: capture d’écran d’une vidéo sur X

«La faille conservatrice reste la même»

Au lendemain de cette victoire de Pierre Poilievre, «la faille conservatrice reste la même», avance le professeur. «C’est la difficulté pour les Conservateurs de faire des gains importants du côté de l’Ontario et, dans une moindre mesure, du côté du Québec, et de s’assurer d’une base électorale également assez importante du côté des Maritimes», analyse-t-il.

Publicité

Les sondages donnaient les Conservateurs gagnants de l’élection fédérale d’avril, un rêve qui s’est éloigné pour le Parti conservateur du Canada (PCC) lorsque les Libéraux sont remontés après la démission de Justin Trudeau, en janvier, et la présence de Mark Carney à la course de la chefferie libérale.

L’autre facteur aggravant et toujours présent pour Pierre Poilievre est la menace économique forte que représente Donald Trump pour le Canada. «Cela a créé une dynamique complètement différente», commente Frédéric Boily. Sans le président américain, les conservateurs auraient «facilement remporté l’élection».

Un sondage Léger effectué en avril 2025 a recensé que plus de la moitié des électeurs (58%) a été influencée par Donald Trump et ses menaces de tarifs douaniers dans le choix d’un chef de parti ou d’un parti politique lors de la campagne électorale.

La menace Carney venant de l’extérieur…

Mais la menace canadienne la plus vive pour Pierre Poilievre vient «du côté des Libéraux» et de Mark Carney, croit Frédéric Boily.

Frédéric Boily
Frédéric Boily. Photo: courtoisie

«Si des projets d’infrastructures, de transport pour l’énergie [à la suite de l’adoption hâtive du projet de loi C-5 juste avant la relâche parlementaire en juin, NDLR] se réalisent rapidement, ça va enlever une carte importante à Pierre Poilievre.»

Publicité

«Et si Marc Carney réussit à bien gérer le dossier avec les États-Unis, ça va devenir difficile», observe le professeur Boily.

Pour ce dernier, Marc Carney s’est «déplacé vers le centre droit» de l’échiquier politique, ce qui dame le pion à Pierre Poilievre sur ces aspects.

… mais sans rival «sérieux» à l’interne

Un assombrissement de moindre importance attend le chef conservateur: des fissures mineures sont observées depuis l’élection fédérale d’avril.

Des figures conservatrices ont parlé davantage aux médias, une chose rare. Un mécontentement sourd a abouti au vote des députés conservateurs, qui se sont donné la possibilité de montrer la porte à leur chef, au besoin.

Mais ces fissures datent «d’avant les résultats de l’élection fédérale», rappelle Frédéric Boily. «Celles-ci venaient surtout de la part de Doug Ford et de son ancien conseiller.»

Publicité

«Ce qu’on ne voit pas présentement, je dirais, c’est plutôt le fait qu’il ne semble pas y avoir un rival sérieux. Si Pierre Poilievre part demain matin, qui pourrait le remplacer?» Un fait qui solidifie sa position.

«J’imagine qu’il y en a qui pensent à certains noms, mais dans l’œil du public présentement, j’ai l’impression qu’on ne voit aucun nom se dégager clairement comme potentiel chef du Parti conservateur.»

Cet atout laisse l’espace nécessaire au chef conservateur pour faire «le bilan de l’élection fédérale et les ajustements nécessaires», conclut Frédéric Boily.

Auteurs

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur