Comment s’intégrer dans une société qui n’est pas la sienne, comment faire pour concilier les valeurs issues de deux cultures différentes? Telles sont les questions qui hantent Bashir Lazhar, immigré algérien venu chercher l’asile politique au Canada. Évelyne de la Chenelière a tenté de coucher sur papier ce qu’elle percevait comme évolution dans la société canadienne et plus particulièrement, dans le milieu scolaire. Il faut croire que la pièce est toujours d’actualité puisqu’elle est jouée en anglais au Tarragon théâtre jusqu’au 7 décembre et elle sera à l’affiche du Théâtre français de Toronto du 26 au 30 novembre 2008.
Évelyne de la Chenelière voulait se lancer un défi, une envie en tant qu’auteure de tester une méthode d’écriture nouvelle, «de se dépayser un peu pour vérifier jusqu’où on peut se permettre d’écrire quand une réalité est loin de nous», précise l’écrivaine. Pour accoucher de cette pièce, elle a donc effectué des recherches et surtout fait fonctionner ses méninges: «Avec de l’imagination, de la recherche et de la compassion on peut vraiment parler de tout», constate-t-elle.
L’auteure explique qu’elle éprouvait une sorte de fascination pour la capacité des nouveaux arrivants à vivre au Canada. En 1999, lorsque lui vient l’idée d’écrire sur ce thème, elle n’imagine pas une seconde que sa pièce sera une belle réussite, aujourd’hui traduite en anglais, en espagnol et en allemand. Elle crée le personnage de Bashir Lazhar, immigré algérien qui se retrouve à enseigner devant une classe. Forcément, la méthode diffère un peu des canons de l’enseignement et de là en découle une situation qui nous questionne. La raison du succès selon l’auteure? «Cette histoire transcende la réalité, c’est avant tout une histoire humaine, celle d’un personnage qui essaie de renouer avec les autres à travers l’enseignement.»
Bashir Lazhar est sans conteste une pièce à portée politique, la première de l’écrivaine, qui avoue: «Je n’avais pas conscience que cela touchait à ce point les préoccupations des gens. Mais comme auteur, on a les sens très aiguisés envers ce qui se passe dans la société, c’est comme si on prenait le pouls de la société.» Pas de surprise donc de voir cette pièce toujours à l’affiche. La pièce jouée sous forme d’une fable engagée ne donne pas de leçons pour autant, «elle ne met pas en avant mes opinions», précise l’écrivaine.