Fondateur de Québec, Champlain est né à Brouage en Saintonge (Charente). Puisqu’il est une figure charentaise emblématique et que son nom demeure aujourd’hui très attaché au patrimoine de la Charente-Maritime, il ne faut pas se surprendre qu’une maison d’édition de ce département français publie un récit romancé. C’est Suzanne Forisceti qui signe Le Fabuleux Destin de Champlain, de Brouage à Québec.
Le narrateur de ce roman historique est Jean-Baptiste Cordier, «fidèle compagnon et confident de Champlain». Au départ, il note que, déjà enfant, son ami Samuel avait «des curiosités et des facilités à tout comprendre et à tout réussir». Il souligne que Champlain a écrit beaucoup de lettres, mémoires et récits de voyages, mais jamais un mot sur ses parents ou sa jeune épouse.
Cordier parle du rêve de son ami Samuel: «Rien ni personne ne pourrait l’arrêter, pas même la mort de ses commanditaires. L’imagination de Champlain travaille; en ébullition elle devient contagieuse; fait des émules.» Le rêve peut être magique. Ainsi, la fondation de Sainte-Croix, en 1604, s’avéra calamiteuse et aurait pu tuer le rêve dans l’œuf. «Heureusement que les faits, même les plus terribles, ne pénètrent pas le monde des rêves», écrit l’auteure qui fait dire au lieutenant général Pierre Du Gua: «Mettons une croix sur Sainte-Croix!»
Du Gua et Champlain fondent ensuite Port-Royal. C’est dans cette colonie que la première pièce de théâtre a été écrite et jouée au Canada. L’histoire nous dit qu’elle est l’œuvre de Lescarbot, mais l’auteure précise qu’il s’agit plutôt de L’escargot, un avocat, grand amuseur qui «écrivait et jouait des gaillardises pour nous distraire et pour nous mettre en joie».
Jean-Baptiste Cordier peint un portrait astucieux de la colonie à ses premières heures. Il note que plusieurs Blancs se sont «ensauvagés» pour fuir le pourrissement d’une société trop matérialiste et ivre de puissance, confite d’orgueil et de certitudes. Ces hommes se laissèrent captiver par la liberté, la tolérance et la fraternité; ils se firent trappeur, coureur des bois et homme nature.
L’auteure laisse entendre que c’est vers 1620 que les parchemins royaux parlent de Samuel de Champlain. Ce dernier, note-t-elle, est né dans «une famille de vieille tradition royaliste». Suzanne Forisceti écrit que la sobriété de Champlain était proverbiale; elle ajoute même que cet homme droit jusqu’à la rigidité était «chaste et indifférent au beau sexe».