Vers des soins de longue durée en français à Hamilton

soins de longue durée, Hamilton, CSCHN
Hanane Kabli, agente de planification de l’Entité 2. Baba Diop, agent de planification de l’Entité 2. Jennifer McMahon, directrice des Partenariats Académiques et spécialiste de la Formation, Thrive Group. Annie Boucher, directrice générale de l’Entité 2. Jean Gacinya, coordonnateur régional à la FARFO. Marcel Levesque, conseiller scolaire de Hamilton pour le Conseil scolaire catholique MonAvenir. Photos: Nathalie Dufour Séguin, l-express.ca
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Publié 30/04/2025 par Nathalie Dufour Séguin

Le Centre de santé communautaire Hamilton-Niagara (CSCHN) a présenté récemment à la communauté des initiatives en cours pour améliorer l’accès aux soins de longue durée en français dans la région, notamment à travers un nouveau partenariat avec le foyer de soins Idlewyld Manor.

Le CSCHN a profité de son dîner communautaire hebdomadaire du 25 avril, à la Paroisse Notre-Dame du Perpétuel Secours de Hamilton, pour expliciter ces projets.

Une absence criante de services pour les aînés francophones

Actuellement, les francophones de la région qui souhaitent recevoir des soins de longue durée dans leur langue doivent se tourner vers Welland, au Foyer Richelieu.

C’est une réalité que l’Entité 2, organisme de planification des services de santé en français dans les régions de Waterloo, Wellington, Hamilton, Niagara, Haldimand et Brant, tente de changer depuis plusieurs années.

«À Hamilton, il n’y a pas de lits désignés pour les francophones. C’est une situation qu’on ne peut plus ignorer», a déclaré Annie Boucher, directrice générale de l’Entité 2. «Avec le Thrive Group et Idlewyld Manor, on a trouvé un partenaire motivé à faire bouger les choses.»

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De Idlewyld Manor, Thrive Group: Rosa Mozaffari, administratrice; Cindy Abbott, directrice des Services administratifs; Nicole Bassarab, directrice des Services aux résidents.

Un partenariat avec Idlewyld Manor et Thrive Group

Idlewyld Manor, un organisme à but non lucratif qui accueille 192 résidents, travaille maintenant en collaboration avec l’Entité 2 pour améliorer son offre de services en français. Bien qu’il ne soit pas encore possible de garantir des soins en français 24 heures sur 24, des efforts tangibles sont déjà en cours.

«On commence à sensibiliser le personnel, à créer un plan d’action, à recruter du personnel bilingue. On ne peut pas tout changer d’un coup, mais chaque petit pas compte», a indiqué Jennifer McMahon, représentante du Thrive Group, visiblement émue.

«C’est aussi personnel pour moi. Ma grand-mère, originaire du Québec, a perdu sa capacité à communiquer en anglais en vieillissant. On ne réalise pas l’importance de la langue maternelle tant qu’on est confronté à cette réalité.»

«Personne ne devrait avoir à choisir entre rester près de sa famille ou obtenir des soins de longue durée dans la langue dans laquelle elle se sent en sécurité.»

L’importance de la demande communautaire

Un message fort a été transmis: l’offre ne peut exister sans la demande. C’est pourquoi l’Entité 2 invite la communauté à se mobiliser, à faire connaître ses besoins et à s’impliquer.

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«Pour bâtir quelque chose qui répond réellement aux attentes des francophones, on a besoin de leur voix», a affirmé Mme Boucher. «Dites-nous ce que vous attendez de soins en français, ce qui vous ferait sentir chez vous.»

Une visite communautaire de l’établissement est d’ailleurs prévue en juin, organisée conjointement par l’Entité 2 et le foyer pour permettre aux membres de la communauté de découvrir Idlewyld Manor.

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Jean Gacinya, coordonnateur régional à la FARFO, et, de l’Entité 2: Hanane Kabli, agente de planification; Annie Boucher, directrice générale; Baba Diop, agent de planification.

Une reconnaissance officielle en cours

Idlewyld Manor est également engagé dans un processus formel: devenir un fournisseur désigné de services en français en vertu de la Loi sur les services en français de l’Ontario (LSF). Ce statut garantirait une prestation continue et structurée de services dans la langue de Molière.

«Nous sommes en plein dans le processus de désignation», a confirmé Rosa Mozaffari, directrice de l’établissement. «C’est un parcours exigeant, mais nous avons bon espoir d’y arriver bientôt. En attendant, nous sommes fiers d’accueillir les résidents francophones et de faire tout notre possible pour les servir avec dignité et respect.»

La réalité de la perte de la langue seconde

La question de la langue prend une dimension critique chez les personnes âgées. Comme l’a souligné Mme Boucher, «il est fréquent de voir des aînés perdre leur seconde langue avec le temps. Ce qui était un bilinguisme confortable devient un obstacle. Ils se replient vers leur langue maternelle, et s’ils ne sont pas compris, ils s’isolent.»

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Ce phénomène, souvent méconnu, a un impact direct sur la santé mentale et le bien-être global. D’où l’urgence de proposer des environnements où la langue et la culture sont reconnues comme des besoins fondamentaux.

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Jennifer McMahon, directrice des Partenariats académiques et spécialiste de la formation, Thrive Group. Annie Boucher, directrice générale de l’Entité 2.

Un engagement collectif pour l’avenir

«Ce n’est que le début, mais nous voulons aller jusqu’au bout», a affirmé Mme McMahon. «On commence déjà à avoir des conversations avec le gouvernement sur les listes d’attente, sur l’importance de reconnaître que ce n’est pas un choix de confort, c’est un besoin de santé.»

L’équipe d’Idlewyld Manor, avec le soutien de l’Entité 2 et de partenaires comme la Fédération des aînés et des retraités francophones de l’Ontario (FARFO), poursuit ses démarches de sensibilisation et de recrutement. Des contacts ont même été établis avec des étudiants bilingues en sciences infirmières dans l’espoir de constituer une relève qualifiée.

Un message d’espoir et de mobilisation

«Ce matin, c’est une étape», a conclu Jean Gacinya, coordonnateur régional à la FARFO. «Une prise de conscience. Idlewyld Manor peut devenir un modèle pour toute la région. Mais pour que ça fonctionne, il faut que la communauté reste engagée.»

L’invitation est donc lancée: participer, exprimer ses besoins, visiter le manoir, et faire partie de cette transformation essentielle pour le mieux-être des aînés francophones de Hamilton et ses environs.

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