À 35 km d’Ottawa, 90 pieds sous terre se trouve l’un des rares vestiges de la Guerre froide conservé en sol canadien. Bien qu’ouvert au public depuis maintenant dix ans, peu de Canadiens connaissent l’existence du Diefenbunker, véritable labyrinthe de 368 pièces, réparties sur quatre étages. Pourtant, c’est là que le gouvernement et sa garde rapprochée aurait trouvé refuge en cas d’attaque nucléaire.
Construit dans le plus grand secret au coût de 22 millions $ entre 1959 et 1961 dans la petite municipalité de Carp, le bunker n’a été fermé par le gouvernement canadien qu’en 1994. Déclaré «site hérité de la Guerre froide le plus important au Canada», ce lieu inusité nous plonge dans un univers où la menace d’une confrontation nucléaire entre les États-Unis et l’URSS a été plus tangible que nulle part ailleurs au pays.
La visite débute dans l’immense couloir anti-souffle de 378 pieds bâti en surface pour canaliser l’énergie nucléaire et ainsi protéger la porte blindée donnant accès au bunker. Après avoir franchi les douches de décontamination, débute la découverte d’un vaste réseau souterrain qui aurait pu accueillir 535 personnes triées sur le volet, pendant 30 jours, et dont l’incommensurable tâche aurait été de reconstruire le pays. L’abri aurait en théorie pu résister à une attaque nucléaire de 5 mégatonnes, soit 250 fois plus puissante que celles qui ont frappées le Japon à Hiroshima et Nagasaki en 1945. L’histoire ne nous révélera cependant jamais si la structure aurait pu résister à un tel impact…
Comme au cinéma
Tout du bunker semble toutefois avoir été pensé avec minutie, la réalité flirtant plus que jamais avec la science-fiction.
La machinerie et la plomberie reposent sur un système de ressorts et de tuyaux flexibles qui aurait pu absorber le choc d’une explosion sans endommager l’équipement. Les planchers et les colonnes sont garnis de lignes noires et blanches, créant l’impression d’espaces moins exigus. Sans oublier la salle d’isolement, où les pensionnaires souffrant de claustrophobie auraient pu être confinés le temps de reprendre leur esprit.