La ministre Rachel Bendayan: «les langues officielles ont toute leur place»

Langues officielles
La ministre des Langues officielles du Canada, Rachel Bendayan. Photo Inès Lombardo, Francopress
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Publié 05/03/2025 par Inès Lombardo

La ministre aux commandes des Langues officielles depuis décembre, Rachel Bendayan, continue de s’occuper des affaires courantes dans un contexte politique intérieur et extérieur explosif. Dans sa première entrevue avec Francopresse, elle revient sur l’avancement des règlements et la place des langues officielles dans l’actualité.

Cela fait bientôt deux ans que la Loi sur les langues officielles a été adoptée. Avez-vous des nouvelles concernant les règlements nécessaires à l’application de la Loi?

Je sais que c’est très attendu, par mes conversations avec les parties prenantes. J’ai pu rencontrer la ministre Ginette Petitpas-Taylor [présidente du Conseil du Trésor] pour en parler. On travaille de concert là-dessus évidemment.

C’est le Conseil du Trésor qui est responsable, mais je suis le dossier de très près, étant donné que j’ai les deux autres règlements qui sont également attendus.

On veut s’assurer que tous nos règlements, les trois, soient vraiment à la hauteur. Évidemment, il y a énormément d’exigences en matière de consultations et pour bien les faire, ça prend du temps, mais nous serons prêts pour les déposer en temps et lieu en Chambre.

Les trois règlements attendus pour l’application de la nouvelle Loi sur les langues officielles:

• Le plus attendu des trois, sur la partie VII, réglementera l’égalité de statut des deux langues officielles et des communautés de langue officielle;

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• Un autre doit encadrer les sanctions pécuniaires en cas d’infraction à la Loi par des entreprises privées sous juridiction fédérale;

• Le troisième concerne la désignation des régions désignées comme fortement francophones.

Étant donné la prorogation du Parlement, ces règlements pourraient-ils être reportés après une éventuelle élection fédérale?

Je pense qu’il faut commencer par trouver un nouveau chef et ensuite on verra. Effectivement, moi, mes instructions – et je pense que c’est le cas également pour la ministre Petitpas Taylor – c’est d’être prête [à aller en élections] si jamais.

Les provinces et territoires ont jusqu’au 31 mars pour signer un Protocole qui finance l’accès à l’éducation dans la langue de la minorité et la langue seconde. Comment le gouvernement fédéral peut-il encourager ces signatures?

On a eu notre première rencontre [avec les provinces et territoires] le 20 février, et c’était une très belle rencontre. Je vois une volonté incroyable de faire avancer le fait français partout à travers le pays.

Pour ce qui est des ententes bilatérales, la Colombie-Britannique a signé. J’ai vraiment hâte de voir la réaction de la communauté francophone dans la province parce que je sais qu’il y a des parents sur des listes d’attente pour envoyer leurs enfants dans des écoles bilingues ou de français et c’est très important de continuer à promouvoir et à encourager cette volonté de notre population pour l’éducation en français.

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D’autres annonces sont prévues dans les prochains jours et semaines et, vraiment, la réaction de mes homologues à date était très positive.

Compte tenu du contexte politique actuel – centré sur les tarifs douaniers américains – est-ce que la question des langues officielles va passer un peu sous silence ces prochains mois?

Bien au contraire, quant à moi, elle a toute sa place. Renforcer notre identité est exactement de ce dont on parle en ce moment, renforcer notre identité canadienne, ce qui nous rend si spécial en tant que pays. C’est assurer nos valeurs et, pour moi, c’est très d’actualité.

C’est important de s’en rappeler dans ces moments où notre souveraineté est menacée. On se pose la question: «Qu’est-ce qu’on pourrait perdre?»

Et on peut perdre énormément. Nous avons nos propres forces, nos propres richesses en tant que Canadiens et de ce que je vois et ce que j’entends sur le terrain, c’est que les Canadiens veulent aller au front pour les défendre.

Lors d’un rassemblement conservateur le 15 février, une dame nous a confié avoir changé son vote libéral en faveur du parti de Pierre Poilievre pour les prochaines élections fédérales. Qu’est-ce que vous dites aux gens qui envisagent de voter pour les Conservateurs?

De un, moi je ne l’entends pas ici au Québec. De deux, je dirais que notre gouvernement a sorti un plan afin de financer CBC/Radio-Canada. Je ne vois pas comment les gens qui ont à cœur nos deux langues officielles peuvent même considérer de voter pour un parti qui veut fermer CBC.

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Nous avons davantage besoin de nos institutions publiques comme CBC/Radio-Canada pour non seulement s’assurer de la diffusion dans nos deux langues des informations, mais aussi comme enjeu de sécurité nationale et de souveraineté canadienne.

Je n’aime pas trop me fier aux sondages, mais on sent quand même un vent de changement. Puis, c’est clairement ce que j’entends sur le terrain.

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