50 ans d’initiatives par et pour les jeunes

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Les Jeux de la francophonie canadienne à Moncton-Dieppe en 2017 étaient les 7e Jeux depuis leur création par le FJCF en 1999. Ils offrent une occasion de rassemblement aux jeunes francophones du pays. Photo: courtoisie JeuxFC
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Publié 06/01/2025 par Clémence Labasse

L’histoire de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF) est parsemée d’initiatives «par et pour les jeunes», visant à amplifier leur voix dans la francophonie canadienne. L’organisme célèbre un demi-siècle d’engagement dans de nombreux dossiers, grands et petits, retracés dans un livre commémoratif.

Dans l’ouvrage commémoratif, 50 ans de conscientisation et de collaboration: La Fédération de la jeunesse canadienne-française 1974-2024, l’historien Serge Dupuis documente l’évolution d’un organisme dont les activités, parfois limitées par les aléas politiques, restent pertinentes.

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Serge Dupuis. Photo: archives Francopresse

«L’histoire de la FJCF démontre que la mission de conscientisation et d’habilitation des jeunes est aussi nécessaire aujourd’hui qu’il y a 50 ans. […] Le réseau de jeunesse peut être une bouée de sauvetage pour sortir les jeunes francophones de l’isolement et leur donner une voix», affirme-t-il en entrevue avec Francopresse.

Selon l’auteur, à travers son histoire, la FJCF a défendu des enjeux et des débats qui étaient négligés par les organismes des adultes, comme le vote à 16 ans et l’insécurité linguistique. Et côté réalisations sur le terrain, deux projets ont laissé leur marque jusqu’à aujourd’hui.

«Nos accents» sur les ondes

La FJCF est à l’origine de l’instauration de dizaines de stations de radios communautaires entre 1985 et 1991. Un fait d’armes qui se distingue par son efficacité.

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Alors que ces projets sont coûteux en temps et en ressources, l’organisme parvient à obtenir le financement et encadre la création de stations d’un bout à l’autre du pays. De ces efforts naîtrons par exemple Radio Péninsule (aujourd’hui CKRO-FM), à Pokemouche au Nouveau-Brunswick, Radio Clare (CIFA) en Nouvelle-Écosse, ou encore la Radio de l’Épinette noire (CINN FM), à Hearst dans le Nord ontarien.

«À l’époque, les radios sont encore très écoutées, et là […] on diffuse des émissions là où il n’y avait pas de radio francophone et c’est gagnant tout de suite parce que là les gens s’entendent! C’est pas Radio-Canada Montréal qui leur donne un bulletin de nouvelles, c’est les nouvelles locales, c’est les accents [locaux]», relate le professeur Gino Leblanc, ancien président de la FJCF de 1991 à 1992, dans le balado Voix de la jeunesse: 50 ans de la FJCF.

En 1991, l’Alliance des radios communautaires du Canada est créée pour prendre le relai et la FJCF se retire du dossier.

Une bulle de français: les Jeux de la francophonie canadienne

La lutte contre l’assimilation est une mission à laquelle la Fédération s’attelle depuis ses débuts et qu’elle a abordée de différentes façons au fil des ans. L’instauration de la Commission nationale sur l’assimilation en 1990, ou l’enquête plus récente pour la mise en place de la Stratégie nationale pour la sécurité linguistique en 2019, en sont des exemples.

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Le livre de Serge Dupuis.

Mais c’est une initiative plus tangible qui a eu des effets concrets sur le sujet: les Jeux de la francophonie canadienne (JeuxFC). Organisé tous les trois ans depuis 1999, cet évènement reste une rare occasion pour de nombreux jeunes de pouvoir vivre et s’amuser entièrement en français, sans jugement, pendant quelques jours et de créer des liens avec d’autres jeunes d’un bout à l’autre du pays.

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«C’est un gros choc de voir autant de francophones», racontait au Droit Stéphanie Delisle, une participante néo-écossaise aux Jeux de 2014. «Ça me fait prendre conscience que je ne suis pas la seule au Canada.»

Les résultats le confirment. Un sondage réalisé à la sortie des Jeux de 2017 révélait que 62 % des participants et participantes se disaient motivés par l’évènement à s’engager davantage dans la promotion du français au sein de leurs communautés.

Par ailleurs, 93% affirmaient que les JeuxFC leur avaient permis de développer une fierté et un sentiment d’appartenance à la francophonie canadienne. Un effet qui a duré, d’après les réponses aux questions posées aux mêmes jeunes six mois plus tard.

Le défi du financement

La FJCF, qui se définit comme groupe de pression, rencontre un problème semblable à celui des autres organismes de la francophonie canadienne.

«Lorsqu’on est financé à 85 à 90% par un seul bailleur de fonds qui est aussi la cible politique […], cela peut poser un vrai dilemme sur la manière d’opérer», explique Serge Dupuis en entrevue.

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Selon l’auteur, cette situation peut complexifier les relations lorsque les fédérations deviennent également mandataires de service pour le gouvernement, comme l’a fait la FJCF dans les années 1990 en acceptant d’administrer le programme Jeunesse Canada au Travail lors d’une période d’intenses coupes budgétaires affectant leurs fonds de fonctionnement, sous le gouvernement de Jean Chrétien. Un programme que l’organisme administre toujours aujourd’hui.

«Dans une version antérieure du titre [du livre], on avait aussi le mot “contestation”, mais on s’est rendu compte que cela était beaucoup plus présent dans les années 1970 à 1990. […] Durant les années 1990, cela s’est perdu. Avec le retour des fonds de fonctionnement dans les années 2000-2010 à nos jours, les revendications sont également revenues… avec un peu plus de retenue.»

Si la politisation et la responsabilisation des jeunes sont au cœur de la mission de la FJCF depuis ses débuts, elle est aujourd’hui peu encline au militantisme, comme les manifestations ou autres coups d’éclat. Ses dirigeants ont plutôt perfectionné l’art des demandes de projets en harmonie relative avec les objectifs fédéraux en matière de langues officielles.

La pandémie a été une période difficile pour la FJCF, qui a vu ses événements rassembleurs, ses formations et ses activités annulés dans leur quasi-totalité. Les jeunes francophones à travers le pays se sont tournés vers Internet pour leur divertissement, où les contenus francophones sont rarement disponibles, et l’omniprésence de l’anglais facilite l’assimilation.

Mais les jeunes du réseau restent optimistes, comme en témoigne le président actuel, Simon Thériault, lors du gala qui a lancé les célébrations du 50e au début novembre: «Ce 50e anniversaire est une occasion unique de nous tourner vers l’avenir, tout en célébrant le parcours remarquable qui a façonné la FJCF. Ensemble, nous avons construit un réseau solide et inspirant, prêt à relever les défis de demain.»

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