Le Pop Art s’invite à la Fondation Louis Vuitton à Paris

Depuis son ouverture il y a dix ans, le magnifique édifice de la Fondation Louis Vuitton, à Paris, est devenu un incontournable pour les amateurs d’art contemporain. Il se met cet automne à l’heure du Pop Art.

Situé dans le parc du Bois de Boulogne, ce centre culturel et musée d’art moderne propose une programmation diversifiée composée d’expositions temporaires et d’événements culturels.

Une architecture remarquable

Conçu par l’architecte Frank Gehry, qui a également réalisé le musée Guggenheim de Bilbao, le bâtiment est une œuvre d’art à part entière qui mérite à lui seul la visite.

L’exposition Pop Forever

L’exposition actuelle, intitulée Pop Forever, inaugurée le 17 octobre, est à l’affiche jusqu’au 24 février 2025. Elle se veut une célébration du mouvement Pop Art, qui a marqué les années 1960 et continue d’influencer l’art contemporain.

L’exposition est centrée autour de l’œuvre de Tom Wesselmann, une figure emblématique du Pop Art, qui a oeuvré jusqu’à sa mort en décembre 2004.

Elle présente une sélection de 150 peintures et œuvres de divers matériaux de Wesselmann, ainsi que 70 œuvres de 35 artistes de différentes générations et nationalités. Parmi les artistes exposés, on retrouve des noms célèbres comme Andy Warhol, Ai Weiwei, Roy Lichtenstein, Yayoi Kusama et Jeff Koons.

Micro-visites

Organisée de façon à la fois chronologique et thématique, elle se déploie à travers 10 galeries réparties sur quatre étages.

À plusieurs niveaux, on peut profiter de micro-visites guidées qui durent chacune de 15 à 20 minutes. Animées par différents «médiateurs culturels», celles-ci nous permettent d’examiner quelques oeuvres avant de poursuivre notre visite individuelle.

Le Pop Art et ses différentes manifestations

Facilement identifiable avec ses couleurs franches et ses références à la culture populaire, le Pop Art fait des adeptes des deux côtés de l’Atlantique et même à travers le monde.

Wesselmann va être influencé par son époque, de la révolution sexuelle à la société de consommation, et par l’évolution de la scène artistique. Il va aussi influencer de nombreux artistes américains et internationaux dont les oeuvres sont présentées.

Au cours de ses 40 ans de carrière, Wesselmann va explorer plusieurs thèmes classiques, comme le nu féminin, les natures mortes et le paysage, tout en les interprétant à sa façon. Il va aussi expérimenter avec plusieurs matériaux comme le métal et le plexiglas.

Les natures mortes

Dans les natures mortes de Wesselmann, on retrouve souvent les objets du quotidien des années 60 aux États-Unis, comme une table avec les éléments d’un petit déjeuner, ou encore une étagère avec une radio ou un pot de mayonnaise.

Dans les années 70, il fait des installations qui sont des compositions agrandies avec la nappe à carreaux posée au sol et les éléments, normalement sur la table comme l’orange ou le vase avec les fleurs, découpés et placés pour créer une profondeur.

Très vite, ces objets fétiches tirés du quotidien comme la radio, la cigarette, l’orange ou les fleurs se retrouvent dans toutes ses productions, et les limites entre les styles deviennent floues.

Le nu féminin

Tout au long de sa carrière, Wesselmann a peint des nus féminins. D’abord sa femme, puis d’autres modèles, qu’il intègre dans des intérieurs et représente souvent sans visage à part pour une bouche rouge et parfois une fleur dans la chevelure comme dans les séries Great American Nudes ou ses Bathroom collages des années 60.

Ce sont d’ailleurs ses nus qui vont lancer sa carrière, dès 1961 et faire sa notoriété.

Parfois, il se concentre sur une partie du corps tels que les seins, ou encore les pieds et les jambes, comme dans ses séries Bedroom Paintings et Seascape. D’autres fois, il joue sur les formes et contreformes du corps féminin en utilisant des toiles découpées.

Les femmes et leur représentation

Parmi les artistes représentés dans l’exposition, les conservateurs ont fait une large place aux femmes artistes du Pop Art. Cela vient en opposition avec la situation des années 60, alors qu’elles sont souvent oubliées dans les expositions.

Ainsi, on nous rappelle que seulement deux femmes artistes exposent lors de l’exposition First International Girlie Exhibit de 1964 à la Pace Gallery de New York.

Ce sont Roselyn Drexter qui, déjà à l’époque, s’intéressait à la thématique de la violence dans les relations amoureuses.

Et Marjorie Strider qui utilise l’humour et des références à la bande dessinée pour aborder le thème de la pin up dans la culture américaine et si populaire auprès de ses confrères masculins.

En plus de ces deux artistes, l’exposition Pop Forever fait une place à une dizaine de femmes artistes aussi diverses que la Belge Evelyne Axell, Marisol, Kiki Kogelnik ou la japonaise Yayoi Kusama que l’on a pu voir à Toronto en 2018.

Le Pop Art et la relève

Si la part du lion est réservée à Tom Wesselmann, l’exposition présente aussi les oeuvres de plusieurs artistes établis ou de la relève inspirés par le Pop Art ou s’inscrivant dans ce mouvement.

Depuis les années 60, les codes ont évolué et la notion de culture populaire s’est élargie pour inclure les manga ou les fêtes d’enfants. Comme avec le chien en acier de Jeff Koons qui rappelle les ballons des fêtes d’anniversaire. Ou encore les peintures découpées de Tomokazu Matsuyama qui tiennent autant du puzzle que de la bande dessinée japonaise ou occidentale.

Le jardin d’acclimatation

L’édifice de la Fondation est adjacent au jardin d’acclimatation, dont l’accès est inclus dans le prix du billet.

Il est donc possible de sortir et de faire une pause, soit pour profiter des jeux et attractions avec les enfants, soit pour aller manger à un des restaurants ou prendre une bouchée aux cantines de rue installées près de la porte du musée.