Comment faire rayonner les contenus francophones en ligne?

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Les acteurs et actrices du milieu de la création audiovisuelle francophone canadienne ont réfléchi aux manières de faire rayonner leurs contenus, par-delà les frontières. Photo: Camille Langlade, Francopresse
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Publié 11/11/2024 par Camille Langlade

Les contenus francophones en ligne se perdent dans la panoplie de productions anglophones. Un constat s’impose: il est temps de repenser le modèle actuel et de trouver un nouveau terrain d’entente. Producteurs et diffuseurs se sont réunis pour en discuter à l’occasion du festival Cinemania.

C’est la «nouvelle quête du Graal», a amorcé le médiateur de la discussion et gestionnaire de projet à la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF), Sven Buridans: la découvrabilité.

Comment améliorer la visibilité et l’accessibilité des contenus francophones dans un paysage médiatique dominé par l’anglais? Des acteurs et actrices du milieu se sont retrouvés autour d’une table ronde à Montréal, le vendredi 8 novembre, pour essayer de répondre à cette épineuse question.

«Découvrabilité»: un terme à la mode

«C’est le potentiel pour un contenu, disponible en ligne, d’être aisément découvert par des internautes dans le cyberespace, notamment par ceux qui ne cherchaient pas précisément le contenu en question», définit l’Office québécois de la langue française (OQLF), qui avait d’ailleurs désigné le mot parmi ses termes de l’année 2023.

Autrement dit, il s’agit de la capacité d’un contenu, ici audiovisuel, à émerger et être facilement repéré – et repérable – dans l’immensité de l’océan numérique, notamment grâce à l’utilisation de mots-clés, d’algorithmes de recherche ou de stratégies markéting.

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Martin Bilodeau, Jérôme Hellio, Jason Todd, Carol Ann Pilon, Bruno Boëz, Marianne Lamber et Sven Buridans, à l’occasion du festival de films francophones Cinemania, qui se tient jusqu’au 17 novembre, à Montréal. Photo: Camille Langlade, Francopresse

Faire connaître les plateformes déjà existantes

Première difficulté, la production francophone en dehors du Québec reste «relativement mal perçue» de l’autre côté de l’Atlantique, notamment en France, a souligné le directeur général du Regroupement des artistes cinéastes de la francophonie canadienne (RACCORD), Bruno Boëz.

Même si les contenus francophones se retrouvent sur les plateformes, «ils sont avalés dans un catalogue de films où il est difficile, selon les plateformes, de se retrouver par rapport à un cinéma francophone, québécois ou canadien anglophone».

Certains outils existent déjà pour faciliter l’accès de ces œuvres au public. Le Fonds des médias du Canada (FMC) et Téléfilm Canada proposent par exemple NOUS | MADE, qui répertorie les œuvres canadiennes; aussi bien cinématographiques, télévisuelles ou les jeux vidéos.

Mediafilm propose aussi une grande sélection de films et la plateforme Tënk Canada braque son projecteur sur le cinéma documentaire.

FRIC, RACCORD, Bruno Boëz
Bruno Boëz. Photo: courtoisie

«Clarifier l’offre»

Néanmoins, ces outils ne sont pas toujours bien connus du grand public et des professionnels, ont reconnu les intervenants et intervenantes du panel.

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Pour y remédier, le Front des réalisateurs indépendants du Canada (FRIC, devenu le RACCORD) recommandait dans un rapport la création d’un portail national pour regrouper «tous ces services gratuits de déployabilité et de streaming, afin de clarifier l’offre de contenu canadien», a expliqué Bruno Boëz.

À Tënk Canada, l’effort se concentre d’abord sur la visibilité de la plateforme, avant celle de ses contenus. «J’aurais beau mettre le chef-d’œuvre de l’année, mais si personne ne connait Tënk, personne ne le verra», remarque, pragmatique, son codirecteur et directeur artistique par intérim, Jason Todd.

«Popper sur Google, c’est le nerf de la guerre», avoue de son côté le directeur général de Médiafilm, Martin Bilodeau. «Notre vie est devenue très opérationnelle. On passe beaucoup de temps à nourrir cet ogre qu’est le numérique.» Un travail de fond qui, d’après lui, n’est pas toujours visible en surface.

Il souligne toutefois que contrairement à Netflix et son catalogue, ces plateformes de contenus francophones sont curatives, c’est-à-dire qu’elles proposent des œuvres «de qualité».

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Carol Ann Pilon. Photo: courtoisie

Mettre en place une stratégie dès le tournage

Pour la directrice générale de l’Alliance des producteurs francophones du Canada (APFC), Carol Ann Pilon, la découvrabilité va au-delà de la technique et du référencement : «Ça se passe aussi beaucoup via les médias sociaux.»

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Elle a remarqué que les personnes qui suivent les membres des équipes des films représentent un grand potentiel pour faire rayonner les productions.

«Il faut impliquer les équipes de markéting dès le début du projet», renchérit la directrice des coproductions et des acquisitions chez TFO, Marianne Lambert.

«La promotion doit commencer sur le plateau», confirme le directeur des contenus de TV5 Québec Canada, Jérôme Hellio. «Ce qui ne marche pas, c’est faire comme on faisait avant et l’appliquer sur les réseaux sociaux.»

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Jérôme Hellio. Photo: Philippe Casgrain

Un nouveau modèle de collaboration

La vieille pratique où les producteurs cèdent leurs droits aux diffuseurs et n’ont plus de contrôle sur leur contenu est obsolète. «Ça a changé», lance Sven Buridans. Néanmoins, les visions à court et moyen terme des joueurs peuvent parfois différer, souligne Carol Ann Pilon. Il reste alors à trouver un bon équilibre.

Dans cette ère de «coo-pétition», les diffuseurs et les producteurs doivent «se mettre ensemble pour sortir du lot parce qu’on est trop petits pour diviser nos affaires», appuie Jérôme Hellio.

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Marianne Lambert a par ailleurs soulevé le récent mouvement de collaboration entre les diffuseurs francophones au pays, mentionnant que les contenus de la chaîne franco-ontarienne TFO sont désormais disponibles sur la plateforme d’ICI TOU.TV.

Le modèle traditionnel où chaque maillon de l’industrie représente une phase de la production est révolu, a conclu Sven Buridan, se référant à un rapport de l’UNESCO de 2018, «Re|penser les politiques culturelles».

«La nouvelle chaîne créative devrait être comme un réseau, au sein duquel les maillons […] ne sont plus des étapes, mais des nœuds qui interagissent en temps réel.» Avec de nouveaux problèmes à démêler.

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