Le retour historique de Trump

Trump
Donald Trump la nuit de sa victoire. Photo: capture d'écran
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Publié 06/11/2024 par François Bergeron

Le retour au pouvoir de Donald Trump, après un parcours épique, surréaliste, est sans précédent dans l’histoire des États-Unis.

Le candidat républicain a remporté 30 des 50 états, une quarantaine de grands électeurs de plus que les 270 nécessaires pour obtenir la majorité au Collège électoral, et environ 73 millions de votes contre 68 millions pour la démocrate Kamala Harris.

Le Parti républicain a également repris le contrôle du Sénat et reprendra peut-être aussi celui de la Chambre des représentants (la comptabilisation des votes se poursuit).

Au cours des deux dernières semaines, Trump était souriant et détendu. Ses sondages internes lui étaient sans doute plus favorables que ceux des médias qui annonçaient une lutte extrêmement serrée.

L’économie et l’immigration

L’économie et l’immigration, ses deux principaux chevaux de bataille, ont dominé toutes les autres considérations.

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Sa contestation indigne des résultats de l’élection de 2020 et la colère de ses partisans le 6 janvier 2021 sont inconséquentes aujourd’hui. (Mais imaginez s’il avait perdu par quelques votes seulement ce 5 novembre…)

Les Démocrates ont traité Trump de «fasciste». Les Républicains ont traité Harris de «communiste». Mais cela ne résonnait pas chez les citoyens.

Manquements

L’accès universel aux soins de santé, le contrôle des armes à feu, la protection de l’environnement… Ces enjeux ont rarement été abordés au cours de la campagne. Les Démocrates au pouvoir n’ont rien fait; les Républicains ne s’y intéressent pas.

On semble s’être résigné à ce que le recul du droit à l’avortement, qui avait nuit aux Républicains aux élections de mi-mandat en 2022, soit débattu dans chaque état, comme en a décidé la Cour suprême. En tout cas l’enjeu n’a pas mobilisé les femmes pour Kamala Harris comme on s’y attendait.

Le wokisme et la censure? Les drogues et l’itinérance? L’OTAN? L’Ukraine? Israël? Taïwan? On l’a dit plus haut: c’est l’économie et l’immigration qui primaient, et là-dessus le bilan de l’administration Biden-Harris était mauvais.

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Politique-spectacle

Trump a mené une campagne innovante, participant à des forums hostiles et des balados dont l’impact est encore sous-estimé. Il a noué des alliances spectaculaires avec Elon Musk, JFK jr, Tulsi Gabbard, tandis que les anciens chefs républicains qui appuyaient Harris sont restés dans l’ombre (sauf Liz Cheney).

J’ai écrit en 2016 qu’avec Trump, les gens venaient pour le spectacle et restaient pour la politique. Cette stratégie a été réactivée en 2024. Par contre, on rapporte que le taux de participation à ces élections est plus faible qu’en 2020, autour de 55%. Les Américains seraient fatigués du spectacle.

On ne saura jamais si le président Joe Biden ou une autre candidate auraient fait mieux que Kamala Harris. Je ne le pense pas.

Harris a d’ailleurs gagné admirablement son débat télévisé contre Trump le 10 septembre, mais les intentions de vote de la grande majorité des Américains étaient probablement déjà arrêtées. Idem quand un humoriste raté a insulté les Porto-Ricains au rassemblement républicain de New York.

Le Parti démocrate à recentrer

On s’attendait à ce qu’une défaite amène le Parti républicain, débarrassé de Trump, à se civiliser. C’est plutôt le Parti démocrate qui devra se questionner et se recentrer. Surtout que Trump 2.0, mieux préparé qu’en 2016, réussira peut-être à nous étonner.

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Par ailleurs, plusieurs représentants, sénateurs et gouverneurs démocrates ont été élus dans des juridictions où les mêmes électeurs ont voté pour Trump. L’inverse s’est vu aussi: des candidats républicains l’ont emporté chez des électeurs de Harris.

Les citoyens ne seraient donc pas aussi irrémédiablement «polarisés» qu’on le dit. Plusieurs médias ont fait état de voisins et même de couples aux préférences politiques opposées qui s’entendent à merveille.

Contrairement à ce que pensent plusieurs intellectuels, journalistes et bien sûr politiciens, la politique n’est pas aussi importante, dans un pays libre, que les «fondamentaux» de la société. Et c’est mieux comme ça.

Auteurs

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

  • l-express.ca

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