De trois polars ontariens dans la première chronique, nous passons à trois livres plus éclectiques, mais qui ont un lien très puissant, l’omniprésence, je dirais même l’amour, de l’Acadie.
Témoignage d’une époque
Le premier c’est l’incontournable Moncton Mantra de Gérald Leblanc. D’abord publié aux éditions Perce-Neige à Moncton en 1997, cet ouvrage connaîtra une deuxième vie lorsqu’il sera republié aux éditions Prise de parole de Sudbury en 2012.
Que puis-je dire au sujet de ce livre-phare de la culture acadienne que le grand Herménégilde Chiasson n’a pas dit dans sa préface de l’édition sudburoise? Chiasson écrit: «ce livre est le témoignage d’un climat, d’une époque et d’un parcours qui fut celui de plusieurs écrivains de ma génération…»
Dès les premiers paragraphes, Leblanc nous confie l’essence de son livre: «J’ai commencé à m’interroger […] sur ce qui faisait que j’étais moi-même Acadien et sur ce que ça voulait dire au juste.» Et il poursuit: «Le plus surprenant, c’était qu’une constante demeurait malgré tout, et c’était l’obsession d’écrire.»
Dans le fond, ce livre est une sorte d’autobiographie romancée. On sent bien que le narrateur, Alain, est le sosie littéraire de Leblanc. On suit donc Alain/Gérald qui tient un journal dans lequel il nous raconte ses déboires universitaires mêlés à ses amours, ses amis, ses voyages, ses rencontres avec des écrivains en devenir (dont Chiasson) et l’odeur des joints omniprésents.