Climat méditerranéen à Toronto

Dimanche soir, le Lula Lounge sur Dundas Ouest accueillait le groupe marseillais Lo Cor de la Plana. Le groupe est en tournée à travers l’Amérique du Nord et s’est produit à Toronto dans le cadre du festival Small World Music.

Les Marseillais ont déjà fait cinq dates aux États-Unis et ont particulièrement aimé leur passage à Chicago. Habitué à jouer devant un public plus nombreux, le groupe a quand même apprécié le public torontois avec qui il était constamment en interaction.

En plus d’apprendre au public à danser la farandole, danse traditionnelle occitane, Manu, le fondateur du groupe expliquait avec humour au public majoritairement anglophone le sens des morceaux chantés en occitan.

L’occitan est parlé dans la partie sud de la France avec des variantes selon les régions.

Aujourd’hui ceux qui le parlent couramment sont en général des personnes âgées mais de plus en plus de gens l’apprennent afin de mieux connaître la culture occitane. C’est ce qu’ont fait les membres du groupe dont seul un parlait l’occitan en famille.

Ils ne sont pas les seuls musiciens à utiliser la langue et la culture occitane. Les Fabulous Troubadour ou le groupe de ragga Massilia Sound System chantent également en occitan et connaissent du succès dans les régions de France où l’occitan n’était pas parlé.

Ceci montre bien qu’il ne s’agit pas d’un repli communautaire comme l’explique Manu. Ce dernier à d’abord fondé le groupe Gacha Empega en 2000 dont le but était de se servir de l’occitan comme «matériel de réflexion musicale». Lo Cor de la Plana est né en 2001, lorsqu’il a été rejoint par Sébastien puis Benjamin. Le groupe, tel qu’il est à présent, existe depuis 2002.

Son répertoire est issu du traditionnel et de la religion populaire (c’est-à-dire du religieux mêlé aux traditions «païennes»).

Manu explique que Marseille a «souvent été dépossédée de son Histoire, plusieurs fois détruite et souvent méprisée» et que chanter en occitan permet de «prendre possession de l’Histoire». Selon lui, le but n’est pas de rester uniquement dans le traditionnel mais de faire de l’Histoire un matériau d’invention en se plaçant en «témoins conscients et actifs du présent».

La démarche est une démarche d’ouverture, de dialogue constants avec toutes les cultures méditerranéennes qui ont influencé Marseille. Le groupe utilise les percussions et les voix qui sont les «médians de la lyrique populaire en méditerranée, qu’il s’agisse des Balkans, de l’Italie septentrionale ou de l’Afrique du Nord».

Les percussions qu’ils utilisent, les Bendirs, sont d’ailleurs bien connues au Maghreb et s’inscrivent pleinement dans cette volonté de «relation décomplexée avec l’espace méditerranéen».

Tout en mêlant cultures et traditions, Lo Cor de la Plana aborde donc des thèmes d’actualité ceci toujours avec une pointe d’humour ou d’ironie. Même si on ne comprend pas l’occitan, on sera séduit par ces voix et ce savant mélange de cultures qui reflète bien Marseille.