Financement de l’Université de Sudbury: «c’est à n’y rien comprendre»

Université de Sudbury
L’Université de Sudbury veut devenir une université francophone indépendante. Photo: Patrick Woodbury, archives Le Droit
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Publié 04/02/2024 par Émilie Gougeon-Pelletier

Des organismes franco-ontariens estiment que la ministre des Collèges et Universités, Jill Dunlop, a des comptes à rendre, après que de nouvelles informations révèlent qu’elle avait déjà approuvé une première demande de financement de l’Université de Sudbury (UdeS), avant de finalement annoncer son refus, l’été dernier.

«C’est à n’y rien comprendre», a lancé le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Fabien Hébert.

Le Droit a appris, via une note interne du ministère des Collèges et Universités obtenue en vertu de la Loi sur l’accès à l’information et à la vie privée, que la ministre Jill Dunlop avait donné son appui à la première demande de financement soumise par l’Université de Sudbury, en août 2022.

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Le président de l’AFO, Fabien Hébert. Photo: François Bergeron, archives l-express.ca

Analyse favorable au projet

La semaine dernière, le média TFO rapportait que la Commission d’évaluation de la qualité de l’éducation postsecondaire (CEQEP) avait remis une analyse favorable au ministère quant au projet de l’Université de Sudbury.

«La CEQEP avait conclu que l’université rencontrait toutes les exigences pour un financement, et on apprend maintenant que la ministre Dunlop avait signé la demande de financement. Alors la vraie question, maintenant, c’est de savoir qui est la personne qui a tiré la plug sur ce projet», soutient le président de l’AFO.

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«Vous connaissez mal votre histoire franco-ontarienne», a lancé la directrice générale de l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) du Grand Sudbury, Joanne Gervais, en s’adressant au gouvernement Ford lors d’une conférence de presse à Sudbury organisée par le Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario.

«Ce n’est pas la recherche, ce ne sont pas les rapports qui manquent», dit-elle. «Ce qui manque, en réalité, c’est la bonne volonté du gouvernement provincial de bien desservir la communauté franco-ontarienne du moyen-nord, en éducation universitaire.»

Nouvelle demande, nouveau processus

Contrairement à ce que le recteur Serge Miville a affirmé, le ministère soutient qu’il l’avait informé que sa première proposition avait reçu l’approbation de Mme Dunlop et qu’elle avait été soumise au gouvernement fédéral.

Selon un haut fonctionnaire au sein du gouvernement Ford, l’UdeS aurait aussi été au courant qu’une nouvelle demande de financement déclencherait un nouveau processus décisionnel.

Pourtant, le recteur Miville a indiqué au Droit que c’était le ministère des Collèges et Universités qui lui avait conseillé de soumettre sa demande «autour du mois d’août», et «de la retravailler plus tard lorsque le plan d’affaires serait prêt».

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Et c’est ce qu’il a fait, confirme la note interne du ministère.

postsecondaire, Jill Dunlop, ministre des Collèges et des Universités de l’Ontario
Jill Dunlop, ministre des Collèges et des Universités de l’Ontario. Photo: Patrick Woodbury, archives Le Droit

«Avoir su»

Le recteur de l’UdeS soutient qu’«avoir su» que la ministre Dunlop avait déjà approuvé le projet, et qu’il avait même été envoyé à Ottawa, il n’aurait jamais tenté de modifier sa demande.

Près d’un an après avoir initialement dit «oui» au projet, le gouvernement Ford a annoncé, le 30 juin 2023, qu’il ne financerait finalement pas l’UdeS.

La proposition de l’établissement «ne correspond pas à la demande actuelle et aux tendances relatives aux inscriptions, ni à la capacité actuelle des établissements post-secondaires existants à offrir une programmation en langue française dans le Grand Sudbury et aux quatre coins de l’Ontario», avait alors expliqué le sous-ministre adjoint aux Collèges et Universités, Denys Giguère.

Jusque-là, «la seule rétroaction qu’on obtenait par rapport au plan d’affaires était extrêmement élogieuse», avait réagi avec étonnement Serge Miville.

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Université de Sudbury
Le recteur de l’UdeS, Serge Miville. Photo: Julien Cayouette, archives Le Voyageur

«La patience des Franco-Ontariens a atteint sa limite», a tempêté la cheffe néo-démocrate, Marit Stiles. «Ils ont caché le rapport, ils l’ont bloqué, enterré, ils l’ont perdu derrière une armoire…»

Mme Stiles espère que le gouvernement Ford change, à nouveau, son fusil d’épaule, comme il l’a fait dans plusieurs dossiers au cours de la dernière année, y compris le scandale de la ceinture de verdure.

Malhonnête»

«Tout ceci me semble plutôt malhonnête», lance le porte-parole libéral en matière d’éducation postsecondaire, Adil Shamji.

«Que ce soit un acte de tromperie ou d’incompétence, l’Université de Sudbury et la communauté francophone méritent tout simplement mieux selon moi qu’un gouvernement qui conseille à une université de modifier une demande qui a déjà été approuvée, sans les en aviser. Ça me semble être un mensonge par exclusion», accuse le député.

«Le gouvernement fédéral doit être furieux actuellement», présume Adil Shamji, en pensant au 1,9 million $ qu’Ottawa a versés à l’UdeS, à la demande de l’Ontario, pour soutenir sa démarche vers la concrétisation de son projet, «pour ensuite voir que le matériel a été complètement ignoré».

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