En moyenne, une personne va quatre ou cinq fois par jour aux toilettes pour un total de dix minutes. Cela représente 0,7% de notre existence, soit à peu près six mois. Suffisamment de temps pour que le sociologue Julien Damon publie Toilettes publiques, essai sur les commodités urbaines.
Dès les premières lignes, l’auteur souligne que, «chaque jour, chaque être humain se déleste d’environ un litre d’urine et de 200 grammes de matière fécale» (365 litres et 73 kg par an). Pour l’humanité, en 2023, on parle de 3 000 milliards de litres et 600 milliards de kilos à évacuer et à traiter.
L’ouvrage se penche sur les édicules, WC, sanisettes et autres latrines accessibles au public hors des domiciles. «Observer les sociétés par la lunette de leurs toilettes», écrit Damon, «ouvre des éclairages singuliers sur les villes, les cultures, les inégalités, les civilisations, les mœurs.»
L’empereur Vespasien
Dès le premier siècle de notre ère, l’empereur romain Vespasien (9-79) introduit un impôt sur l’urine collectée par les tanneurs. Il donne son nom aux vespasiennes. Avant lui, les Romains ont construit des latrines publiques, des rangées de banquettes percées d’orifices donnant sur des rigoles latérales.
Dans l’Antiquité, on excrète «tout en discutant à plusieurs, sans froisser les pudeurs». Rome demeure le précurseur des égouts, des toilettes et du recyclage.