Saint Omer : un film qui bouscule

Au TIFF Bell Lightbox

film Saint Omer
Guslagie Malanda, la protagoniste dans Saint Omer.
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Publié 30/01/2023 par Dominique Guillaumant

Le 20 janvier dernier s’ouvrait au TIFF Bell Lightbox le film Saint Omer qui était la soumission de la France aux Oscars. Si le film n’a finalement pas été retenu parmi les six ou sept finalistes, il vaut quand même le détour.

Et il n’est pas trop tard, car le film est encore à l’affiche jusqu’au jeudi 9 février, peut-être même une semaine de plus.

Des personnages complexes

Saint Omer nous présente en parallèle le parcours de deux jeunes femmes d’origine africaine aux destins diamétralement opposés, mais que les circonstances rapprochent à plusieurs niveaux.

Rama (Kayije Kagam) est une jeune romancière et professeur de littérature. À titre de recherche pour son prochain livre abordant le mythe de Médée, elle assiste au procès de Laurence Coly.

Celle-ci, portée par l’excellente Guslagie Malanda, est une jeune Sénégalaise émigrée depuis quelques années et accusée d’avoir abandonné sa fille de 15 mois sur une plage à Berk-sur-Mer dans le Pas-de-Calais.

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Un regard original sur des questions sensibles

Le film aborde de façon originale des sujets sensibles comme l’immigration, le poids des valeurs et traditions familiales, l’intégration sociale dans une culture dont on ne comprend pas tous les codes, le racisme ordinaire, ainsi que les questions d’aliénation sociale et de santé mentale.

Ainsi, durant le déroulement du procès, Rama est de plus en plus bouleversée par les différents témoignages qui semblent raviver en elle des inquiétudes ou blessures non ou mal guéries.

Elle, qui semble si bien intégrée et un exemple de réussite, présente des failles, tout comme Laurence Coly qui explique son geste par la sorcellerie.

Un système de justice qui souffle le chaud et le froid

Tout au long du procès, le spectateur – surtout celui qui a vu de nombreux films américains – est confronté au système de justice français. Alors que c’est la présidente du tribunal qui, grâce au dossier d’instruction, mène l’essentiel de l’interrogatoire de l’accusée et des témoins.

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Les interrogatoires tournés en plans fixes frappent par leur absence totale d’émotion.

En contraste, les réactions du public et les interventions des avocats, surtout celles de l’avocate de la défense, donnent lieu à certaines des scènes les plus empathiques et chaleureuses du film. Les quinze dernières minutes du film sont particulièrement émouvantes.

film Saint Omer
L’affiche du film Saint Omer.

Une réalisatrice prometteuse

Saint Omer est le premier film de fiction d’Alice Diop, une documentaliste française d’origine sénégalaise ayant réalisé plusieurs films à caractère social. Plusieurs ont été primés à différents événements, comme Nous à la Berlinale (le festival du film de Berlin), ou Vers la tendresse, récipiendaire du César du meilleur court métrage de 2017.

Un film inspiré de faits réels

L’inspiration de Saint Omer lui est venue en assistant au vrai procès d’une jeune Sénégalaise dont la fille de 15 mois avait été retrouvée morte sur une plage française en 2013. L’histoire l’avait complètement happée et obsédée.

Elle s’est d’ailleurs servi des transcriptions du vrai procès de 2016 pour développer son scénario. Ainsi, son film bénéficie de son expérience de documentaliste sans pourtant être un docufiction.

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L’été dernier, Saint Omer a reçu le Grand Prix du jury à la Nostra de Venise.

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