La grammaire! Pour citer un enseignant: «C’est la matière mal aimée de l’enseignement du français, la matière plus ou moins sacrifiée.» Et pourtant, c’est bien un instrument essentiel du langage écrit ou oral, si l’on veut se faire bien comprendre. Pas de bonne communication sans grammaire et que faire ou devenir dans la vie moderne, si l’on ne sait pas communiquer avec clarté, même pour se servir d’Internet.
Mais comment intéresser les jeunes apprenants en particulier à cette grammaire souvent présentée comme un ensemble de règles à suivre pour s’exprimer convenablement? Un romancier, Patrick Rambaud, prix Goncourt, s’est penché sur la question et vient de publier La grammaire en s’amusant, Paris, Grasset, 200 p. en petit format. Il résume sa pensée en quelques mots: «La grammaire n’est qu’un mode d’emploi qui évolue avec l’usage et le temps. Ce n’est pas une punition mais une nécessité, un droit, une chance et un jeu.»
En huit dialogues entre Moi (l’auteur) et un petit garçon, (Lui), P. Rambaud donne une sorte de description historico-pratique des éléments essentiels de la langue. «Pourquoi la grammaire nous éloigne du chimpanzé? Comment la bande dessinée a précédé l’alphabet? Les mots sont des gens comme vous et moi. Les noms aussi ont une vie de famille. À l’image des planètes, les noms possèdent leurs satellites. Il faut soigner nos verbes comme des moteurs. La syntaxe est éternelle. Lecture, mon beau souci.» Et chacune de ces sections est suivie d’un résumé des points essentiels abordés dans les dialogues.
«Je vais te raconter l’histoire de la grammaire», dit-il à son jeune élève, ce qu’il fait d’une manière à la fois légère, didactique, pratique pour présenter la manière de se servir des sons, des mots, des phrases, en les décrivant de façon parfois cocasse. C’est une sorte de conte grammatical dont peuvent s’inspirer les enseignants, que les parents peuvent relire pour se remettre en mémoire ce que leurs enfants apprennent et que les adolescents peuvent revoir facilement pour rafraîchir leurs connaissances, en passant par-dessus certaines allusion franco-françaises et en remplaçant l’anglicisme «mail» par notre joli mot courriel, qui aurait pu inspirer l’auteur.
Comme l’a écrit un critique: «C’est aussi un livre édifiant, au premier sens du terme, puisqu’il a pour ambition de réconcilier les jeunes avec la grammaire, en leur prouvant qu’elle peut être à la fois une nécessité et un plaisir.»