Rachid Djaïdani a «mangé» de la culture québécoise!

Résidences d’écrivain Québec-Paris

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Publié 10/06/2008 par Florence Valabregue

L’écrivain français Rachid Djaïdani a passé trois mois à Québec, à la résidence d’écrivains de la Maison de la littérature, dans le cadre d’un pacte d’amitié signé entre les villes de Québec et Paris.

La fonction des résidences d’écrivain serait-elle de panser les blessures d’auteurs? C’est l’impression qui se dégage de la série d’entretiens que L’Express de Toronto a entrepris avec les écrivains, Michel Pléau, François Thibaux (voir les éditions des 3 et 10 juin) et aujourd’hui Rachid Djaïdani, tous trois partis pour les «résidences croisées Québec Paris».

Le départ à Québec de Rachid Djaïdani se fait dans la précipitation puisqu’il remplace, au débotté, 15 jours avant la date de démarrage, un écrivain ne pouvant assurer l’engagement. Il saute sur l’occasion lorsque Culture France (Ministère des affaires étrangères) lui fait la proposition de ces trois mois québécois.

Si l’on veut passer pour un imbécile, il suffit de dire à Rachid Djaïdani qu’il est écrivain de banlieue et, ainsi croire être parvenu à classer l’inclassable. Mais alors, qui est-il? Écrivain (Boomkouer Seuil, 1999, Mon Nerf Seuil, 2004, Viscéral Seuil, 2007), réalisateur (Sur ma ligne, film documentaire de 52 minutes, 2006), comédien (notamment dans L’Âge d’homme de Raphaël Fejtö au cinéma et au théâtre avec Peter Brook) mais aussi maçon et boxeur.

À vouloir définir les hommes, on passe probablement à côté de l’essentiel et peut-être avons-nous tout simplement à faire à un être humain, dynamique, curieux et bourré de talents?

Lorsque Bernard Pivot lui demande, lors de son émission, pour la sortie de son premier livre en 1999, pourquoi il écrit et que Rachid Djaïdani répond: «pour exister», le journaliste est soufflé, car, pour lui l’auteur de Boomkoeur fait plus qu’exister, même sans écrire. Mais voilà, c’est plus fort que lui, la vie explose par tous les pores de sa peau et son langage invente, ou plutôt réinvente l’ordre des mots et, ce faisant gomme la morosité du verbe.

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Chaque expérience, chaque blessure est transformée en une poésie langagière. Il dira lui-même: «Moi j’écris au passé compliqué, pas au passé composé.» Il n’est pas surprenant que sa langue et celle du Québec se soient rencontrées avec autant de force et de bonheur, tant elles sont toutes deux dans une création et une évolution permanentes. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard, si Peter Brook lui a demandé, dés son retour, de travailler avec lui sur le texte d’une pièce de Shakespeare.

Rachid Djaïdani a littéralement «mangé» la culture québécoise, en se liant d’amitié avec le philosophe Léo Paré, rencontré à la bibliothèque du Temple Wesley, en gouttant à la fameuse «poutine» qu’il faut, paraît-il avoir mangé pour pouvoir en parler, en rencontrant des jeunes étudiants à l’Université Laval, en participant, avec Yasmina Khadra, au Salon international du livre du Québec, en parlant avec Jean Fougère à Radio Canada et aussi, en boxant, car les québécois voulaient affronter ce boxeur professionnel.

Ce serait très réducteur de dire simplement que Rachid Djaïdani est rentré de ses trois mois au Québec avec du sirop d’érable plein ses valises…

Si les Québécois ont «rencontré Rachid», Rachid, lui, se sent spirituellement grandi par ce séjour et, ce qui est plus important encore, c’est que grâce à cette traversée de l’Atlantique, il est revenu avec la certitude absolue d’être un auteur à part entière, un écrivain universel et, à sa grande surprise, un ambassadeur de la culture française.

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