Génération 1970 : le test de la première année d’université

Jean-Pierre Charland, Génération 1970
Jean-Pierre Charland, Génération 1970, tome 1, Une arrivée en ville, roman, Montréal, Éditions Hurtubise, 2021, 368 pages, 24,95 $.
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Publié 03/08/2022 par Paul-François Sylvestre

Établis au Québec à partir de 1967, les Collèges d’enseignement général et professionnel (cégeps) servent, entre autres, à la préparation pour les études universitaires. Le roman Génération 1970 suit les débuts d’un cégépien à l’Université Laval de Québec, car «qui s’instruit s’enrichit».

Jacques Charron entame sa première année universitaire en 1974, au département d’histoire. Fils de cultivateur, il est issu d’une famille dysfonctionnelle, dont les intérêts complémentaires de ses parents consistent à «se détester réciproquement».

La moitié des étudiants abandonneront

Dans son mot de bienvenue ou pep talk cynique, le directeur du département dit aux 152 étudiants nouvellement inscrits qu’ils seront environ une centaine en janvier et peut-être 75 en septembre 1975. La première année est «le parcours du combattant».

Le petit monde universitaire brossé par Jean-Pierre Charland demeure un milieu parfait pour qui s’intéresse à l’étude des inégalités sociales. On y trouve des filles à papa, des fils d’ouvriers ou de cultivateurs et même quelques épouses qui s’ennuient à la maison.

L’auteur souligne un fait remarquable au sujet de la scolarité dans les pensionnats du cours classique (avant 1970) en indiquant que «les enfants se retrouvaient loin de leur famille pendant les années de formation de leur identité».

C’est exactement ce qui m’est arrivé entre 1962 et 1969 à Ottawa.

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Un élève studieux

Jacques Charron est un élève studieux, timide (empoté selon certaines filles) et disposant d’un prêt-bourse pour couvrir ses frais de scolarité, sa chambre (40 $ par mois), sa nourriture (sandwichs au fromage) et quelques films. Il ne s’emmourache pas sérieusement.

Du côté des profs, il semble y avoir un Dieu pour ceux qui trouvent leurs vœux de fidélité conjugale trop lourds à porter. Un prof marié courtise sa secrétaire et de longs chapitres sont consacrés aux charmes particuliers de ces amours clandestines… et à leur lot de désagréments.

Ce qui m’a surpris et déçu dans ce roman, c’est ce qui a été passé sous silence. Le gouvernement du Canada décriminalise l’homosexualité en 1969 et le Front de libération homosexuelle voit le jour au Québec en 1971. Or, on ne retrouve pas le moindre personnage LGBT, même secondaire.

Jean-Pierre Charland a écrit d’excellent romans sur la vie québécoise au 19e siècle et au début du 20e siècle. Il lui était facile de faire régner monsieur le curé. Après 1970, sa plume doit être plus inclusive.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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