Jardinage: le carton pour se débarrasser des mauvaises herbes?

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Le carton serait une méthode efficace et sécuritaire pour se débarrasser des mauvaises herbes. Il comporte toutefois des désavantages qui peuvent le rendre moins intéressant pour certains types de jardins. Photo: Dakri Cartons
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Publié 27/05/2022 par Kathleen Couillard

On recommande parfois le carton aux jardiniers amateurs pour empêcher la croissance des mauvaises herbes. Nous avons vérifié si cette méthode est efficace et sécuritaire.

Pourquoi utiliser du carton?

Plusieurs sites de jardinage, de même que certains jardiniers sur YouTube, proposent d’avoir recours au carton pour démarrer un nouveau potager.

«Le carton sert de paillis», explique David Wees, expert en horticulture et enseignant à l’Université McGill. «Il agit comme une barrière contre la lumière et empêche la germination des semences de mauvaises herbes.»

«Beaucoup d’autres matériaux peuvent être utilisés avec le même objectif, comme la paille, les copeaux de bois, les morceaux d’écorces, le plastique ou le papier.»

Traditionnellement, la substance utilisée comme paillis est déposée sur le sol, on y fait un trou et on plante dans ce trou.

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«C’est une méthode qui est très utilisée en agriculture commerciale, surtout chez les producteurs maraîchers qui utilisent plutôt des paillis en plastique», explique M. Wees. «Dans les jardins communautaires, c’est carrément de la paille.»

La technique du jardin en lasagne

Les partisans du carton sont toutefois nombreux à utiliser plutôt la technique du jardin en lasagne, aussi appelée no dig.

Celle-ci consiste à étendre au sol une couche de papier journal ou de carton.

Puis d’ajouter une autre couche de matériel organique comme des feuilles, de la mousse de tourbe, de la paille ou du papier déchiqueté, qui seront une source de carbone et d’azote.

Ensuite, on ajoute des résidus de gazon et des restes de table, pour terminer avec de la poudre d’os ou des cendres.

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Le carton est-il efficace comme paillis?

Selon David Wees, les quelques recherches sur le sujet révèlent que les propriétés du carton sont assez semblables à celles d’autres matériaux, comme le plastique ou la toile géotextile.

«Le carton marche très bien pour la plupart des mauvaises herbes», remarque-t-il.

«À l’exception de certaines qui sont vivaces, comme le chiendent ou l’asclépiade, et qui ont de longues racines leur permettant de survivre même sous une couche de carton.»

Le carton contre les mauvaises herbes

En 2011, une étude réalisée en Turquie dans un verger indiquait que l’utilisation du carton comme paillis éliminait 99,66% des mauvaises herbes. À titre de comparaison, un herbicide comme le glyphosate tuait 90,61% des mauvaises herbes.

Plus récemment, des chercheurs de l’Inde ont ajouté que les paillis comme le carton ou le papier journal protègent aussi le sol de l’érosion, conservent l’humidité et peuvent aider à contrôler la température du sol.

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De plus, sur sa page de recommandations, le National Center for Appropriate Technology des États-Unis souligne que le carton et le papier journal ajoutent de la matière organique dans le sol.

Les désavantages du carton

Toutefois, le National Center for Appropriate Technology rappelle que le carton est susceptible d’être emporté par le vent s’il n’est pas bien maintenu au sol.

Le chercheur en horticulture David Wees croit aussi que le fait que le carton ne soit pas très esthétique pourrait limiter son utilisation.

Ces désavantages perdent toutefois de leur importance avec la technique du jardin en lasagne, puisque le carton n’est plus visible.

L’eau doit pouvoir passer

Par ailleurs, le carton peut causer de la sécheresse dans le sol, s’il est très épais et ciré. «S’il n’absorbe pas l’eau, explique Wees, l’eau va ruisseler lorsqu’il pleut et ne se rendra pas dans la terre. À moins d’arroser très régulièrement, les légumes pourraient en souffrir.»

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La paille et la toile géotextile ne posent pas ce genre de problèmes puisqu’elles laissent passer l’eau. Une autre solution est de prendre un carton mince et de le couper en plus petits morceaux.

Linda Chalker-Scott, horticultrice et professeure à la Washington State University, répond elle aussi au «mythe» du papier et du carton. Tout en leur reconnaissant les mêmes avantages, elle ajoute que le carton peut empêcher les échanges d’air si le sol est humide et mal drainé, ce qui diminuerait la vitalité du sol.

De plus, le carton attirerait les ravageurs comme les termites ou les rongeurs.

Enfin, selon Signe Danler, horticultrice à l’Oregon State University, le gazon sous le carton peut demeurer intact pendant plusieurs années, et ce même s’il est mort. Comme cela peut bloquer les racines des plantes cultivées, elle ne suggère pas cette méthode à ceux qui veulent démarrer leur jardin rapidement.

Y a-t-il des risques de toxicité?

Dans le cadre du programme de transfert des technologies appropriées pour les régions rurales, le National Center for Appropriate Technology a fait des recherches sur les substances entrant dans la fabrication du carton comme la colle, l’encre et les revêtements.

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Il a conclu que ces constituants étaient sans grand danger.

«De plus en plus de compagnies de papier utilisent maintenant des encres végétales, par exemple à base d’huile de soya», souligne David Wees.

«De plus, même si les encres contenaient des métaux lourds, les quantités seraient faibles et ce qui pourrait se retrouver dans le sol serait minime.»

Enfin, l’horticulteur remarque qu’en milieu urbain, la contamination du sol à surveiller provient d’autres sources, comme la pollution atmosphérique.

Permis en agriculture biologique

D’ailleurs, l’utilisation du carton et du papier journal est permise en agriculture biologique, rappelle le ministère américain de l’Agriculture.

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Le carton doit toutefois respecter certaines conditions: être fait de produits recyclés, ne pas contenir d’encres de couleur ou de finis glacés et ne pas être ciré ou avoir été traité avec des fongicides.

Le Permaculture Research Institute recommande aussi d’éviter les cartons ou papiers journaux qui auraient été blanchis avec des produits à base de chlore.

Auteur

  • Kathleen Couillard

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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