Dans son rapport de 1839 sur les causes des rébellions de 1837-1838 dans le Haut et le Bas-Canada, Lord Durham a décrit les Canadiens-Français comme «un peuple sans littérature et sans histoire». Cette affirmation a été contredite à plusieurs reprises. Claude La Charité met les points sur les i en publiant L’Invention de la littérature québécoise au XIXe siècle.
Le titre peut laisser entendre que tout a commencé au XIXe siècle. Loin de là. Les écrits de la Nouvelle-France et ceux qui ont suivi immédiatement la Conquête démontrent une riche production littéraire. Ils ne posent jamais ou rarement, toutefois, «la question d’une nouvelle littérature qui serait en rupture avec la littérature française».
Quatre pans de la littérature québécoise
La période étudie par Charité va de 1837 à 1899. Son ouvrage comprend quatre parties. La première porte sur L’Influence d’un livre (1837) de Philippe Aubert de Gaspé fils, et La Terre paternelle (1846) de Patrice Lacombe.
La deuxième partie comporte trois chapitres consacrés respectivement à Joseph-Charles Taché (Forestiers et voyageurs, 1863), au premier critique littéraire que fut l’abbé Henri-Raymond Casgrain et à Philippe Aubert de Gaspé père (Les Anciens Canadiens, 1863).
Plutôt qu’à un genre ou un lieu de diffusion, la troisième partie s’intéresse à la consécration des écrivains en présentant deux lauréats de l’Académie française: Louis Fréchette (Les Fleurs boréales, 1879) et Laure Conan (Angéline de Montbrun, 1882-1883).