Nouveaux arrivants à Toronto: des solutions pour intégrer le marché du travail

Programme de mentorat professionnel au Centre francophone

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Les nouveaux arrivants font face à des problèmes pour trouver un emploi, mais des solutions existent. Photo: iStock.com/fizkes
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Publié 01/11/2021 par Clément Lechat

Non-reconnaissance des diplômes, manque d’expérience au Canada, ignorance des codes professionnels… Trouver un emploi est parfois un parcours du combattant pour les nouveaux arrivants. Face aux échecs à répétition, certains finissent par accepter des emplois qui ne correspondent pas à leur domaine d’expertise. Face à cette situation, le Centre francophone du Grand Toronto (CFGT) a lancé en juillet un programme de mentorat.

Expérica 3.0 vise à donner un coup de pouce à ces chercheurs d’emploi francophones en difficulté. Il leur offre une première expérience professionnelle lors d’un placement dans le domaine d’expertise non rémunéré de trois mois maximum.

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Le logo du CFGT.

L’organisme communautaire est un témoin de premier plan des épreuves rencontrées par les nouveaux arrivants pour s’intégrer sur le marché du travail local. Que ce soit à cause de la non-reconnaissance de ses diplômes, ou d’un manque d’aisance en anglais. Un chercheur d’emploi étranger peut vite passer à côté d’opportunités qui correspondent pourtant à ses compétences.

Faire reconnaître ses diplômes et ses compétences

«À Toronto, on perd beaucoup de personnes qualifiées à cause de la non-reconnaissance des diplômes», regrette Caroline Amatte, coordonnatrice des services d’emploi au CFGT.

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Caroline Amatte.

«Il est triste de constater que beaucoup trop de personnes possédant de grandes compétences et des connaissances dans leur métier, par dépit ou obligation, se retrouvent dans un secteur d’activité complètement différent, et perdent le fil de leur carrière», ajoute-t-elle.

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Ce que Mme Amatte qualifie de «faille dans le système» est source de nombreuses désillusions et frustrations. Celles et ceux qui travaillent dans un milieu réglementé par un ordre professionnel sont davantage exposés. Comme les infirmières, les médecins ou les professeurs, qui ne peuvent exercer avant que leur diplôme étranger ne soit reconnu.

En Ontario, des avancées ont néanmoins été faites ce mois-ci pour les professeurs de France. En effet, leur maîtrise MEEF (Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation) vient d’être reconnue par l’Ordre des enseignantes et enseignants de l’Ontario (OEEO).

Toutefois, l’absence d’équivalence peut devenir un réel frein. Et ce même pour les nouveaux arrivants qui n’ont en théorie pas besoin de faire reconnaître leur diplôme pour travailler.

«La reconnaissance des diplômes est un plus, car certains employeurs, surtout dans les grandes entreprises, font une analyse des expériences et des diplômes pendant le processus d’embauche», explique Caroline Amatte. «Cependant, il est tout à fait possible de travailler dans certains secteurs, par exemple les métiers de la gestion, l’administratif, la vente, le marketing», nuance-t-elle.

Conséquences néfastes pour les nouveaux arrivants

Face à une carrière à l’arrêt, les nouveaux arrivants doivent parfois occuper des postes où ils sont surqualifiés. Selon Statistique Canada, cette situation touchait en 2016 24% des travailleurs immigrants âgés de 25 à 59 ans et titulaires au moins d’un baccalauréat.

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Mircea Vultur.

Démotivation, comportements contre-productifs, plus faible salaire… Cette situation n’est cependant pas sans conséquences néfastes, selon Mircea Vultur, sociologue et professeur à l’Institut national de la recherche scientifique du Québec.

«La surqualification conduit à un gaspillage de ressources intellectuelles et à une perte de productivité des individus, causée par une mauvaise concordance entre leur niveau d’éducation et leur niveau d’emploi, qui provoque un déclin de leurs aptitudes cognitives», rapporte-t-il au journal LeSoleil.

Décrocher une première expérience canadienne

Expérica 3.0 se présente comme une solution face aux défis rencontrés par les nouveaux arrivants francophones. L’idée? Utiliser l’accompagnement personnalisé du CFGT et un placement en entreprise comme des «tremplins» pour se lancer sur le marché du travail.

Concept né en 2017 au Centre des services communautaires Vanier à Ottawa, le programme est financé par IRCC (Immigration, réfugiés et citoyenneté Canada) pour 40 demandeurs d’emploi établis dans la région de Toronto et Peel jusqu’en mars 2022.

Développer son réseau professionnel, obtenir des références d’employeurs, apprendre la culture du travail canadienne et finalement trouver un emploi rémunéré… Tels sont les objectifs d’Expérica 3.0

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Il faut noter que le programme n’est pas ouvert à celles et ceux qui doivent faire reconnaître leur diplôme, obtenir des certificats ou appartenir à un ordre professionnel pour exercer une profession réglementée.

«Gagner du temps»

Une fois sélectionnés, les participants débutent des sessions de coaching hebdomadaires. Ils suivent en parallèle des ateliers comme «CV canadien», «réseauter sur LinkedIn», «techniques de recherche d’emploi», «réussir son entrevue».

Après trois à quatre semaines de préparation, le placement en entreprise commence à hauteur de 24 heures par semaine. Pendant cette période, les participants consacrent 11 heures par semaine à l’accompagnement et à la recherche d’emploi. S’ils trouvent un travail, ils peuvent quitter sans préavis ce placement non rémunéré d’une durée maximale de trois mois.

«La majorité des nouveaux arrivants ont déjà plusieurs années d’expérience et beaucoup de vécu professionnel. Sachant que certaines personnes passent un an à chercher un emploi, je pense que ce programme leur fera gagner du temps», affirme Selma Hamza, chargée de projet  Expérica 3.0. Peel/Toronto.

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En grand nombre d’entreprises recherchent du personnel. Le Centre francophone aide des nouveaux arrivants à rehausser leurs compétences. Image: iStock

Les entreprises peuvent contribuer

Du côté des entreprises, le CFGT les invite à «faire leur part avec les moyens qu’elles ont». Et à «contribuer à l’intégration économique de la communauté francophone».

«C’est un moyen très simple d’aider la communauté francophone», insiste Caroline Amatte, qui se dit par ailleurs a l’écoute des entreprises intéressées pour lier un partenariat avec Expérica 3.0.

Plusieurs sessions de recrutement du programme de mentorat ont déjà eu lieu en septembre et en octobre dernier. La prochaine se déroulera le 2 novembre. L’inscription s’effectue ici sur Eventbrite.

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