Découvrons-Nous : un nouveau souffle pour la diversité culturelle à l’écran

Les communautés ethnoculturelles et autochtones sont certes plus représentées au cinéma et à la télévision canadienne que dans le passé. Mais leurs comédiens et artisans restent toujours minoritaires sur les plateaux et incarnent plus rarement les premiers rôles. C’est ce que rappellent plusieurs d’entre eux dans une serie de capsules sensibilisant au manque de diversité culturelle dans l’industrie audiovisuelle.

Les ambassadeurs de cette campagne Découvrons-Nous (Seek More en anglais), lancée il y a deux mois par l’organisation NOUS (MADE en anglais), appellent a une meilleure inclusivité sans stéréotypes devant et derrière les écrans.

La campagne vise à éduquer l’industrie audiovisuelle et le public sur la réalité et le besoin de la diversité au cinéma et à la télévision d’ici. 

La diversité culturelle des deux côtés de la caméra 

L’effort d’inclusivité de Découvrons-Nous a été appliqué à ses propres équipes de tournage. Devant comme derrière les caméras de la réalisation de ces capsules, n’étaient présents que des membres de communautés ethnoculturelles, des femmes, des membres de la communauté queer… 

«Nous n’avons pas besoin d’une personne afrodescendante de service dans une émission. On a besoin d’entendre de vraies histoires qui ne tombent pas dans le cliché ou le stéréotype», explique Mathieu Chantelois, vice-président des communications et de la promotion au Fonds des médias du Canada, un des 30 partenaires de NOUS.

«Découvrons-Nous», mais surtout «Représentons-Nous» 

L’inclusivité à l’écran passe par la représentation de la vraie diversité culturelle du Canada et permet aux Canadiens de mieux s’identifier aux personnages mis en scène dans l’industrie audiovisuelle. 

«Se voir représentés, c’est exister», mentionnent les ambassadeurs de la campagne dans une lettre commune.

«Nous unissons nos voix pour demander aux joueurs de l’industrie que l’on puisse, nous aussi, raconter nos histoires non stéréotypées, dans toute leur pluralité et toutes leurs nuances. Notre vœu le plus cher est que tous les Québécois et Québécoises, quels que soient leurs origines et leur genre, aient la possibilité de contribuer à l’imaginaire collectif et d’enrichir notre patrimoine commun.»

La campagne francophone ne mentionne que le Québec, alors que Seek More s’adresse à tous les «Canadians».

On dit encore, en ne citant que des statistiques québécoises: «Si, dans la rue, le Québec se dévoile dans toutes ses splendides différences, c’est plutôt de l’homogénéité qu’on retrouve devant et derrière les caméras.»

Justin Trudeau en parle

Cette campagne pour la diversité culturelle a été très médiatisée. Le premier ministre Justin Trudeau l’a relayée sur Twitter en anglais. Apparemment, ce fut un de ses gazouillis les plus populaires de cette année. 

«Nous avons fait tout un tabac! On compte près de dizaines de millions d’impressions. C’est très rare qu’une campagne pour une telle cause ait une telle portée médiatique», s’enthousiasme Mathieu Chantelois.

Des encouragements… et des critiques

Les médias ont beaucoup sollicité les ambassadeurs de la campagne. Mais ceux-ci ont aussi essuyé des critiques sur les réseaux sociaux.

Mélissa Bédard, que l’on connaît depuis ses débuts à Star Académie, puis par son rôle dans la série M’entends-tu?, diffusée sur Télé-Québec et relayée par Netflix, a notamment été beaucoup décriées pour se «plaindre» alors qu’elle possède déjà une certaine notoriété. 

«Mélissa Bédard ne se plaint pas», plaide Mathieu Chantelois. «Maintenant qu’elle a réussi à ouvrir la porte, elle cherche tout simplement à laisser rentrer d’autres gens de communautés sous-représentées pour raconter leurs histoires. Ces critiques sont un réel pincement au cœur pour moi.» 

Diversité culturelle: déjà plusieurs belles carrières

Mélissa Médard représente la campagne Découvrons-Nous aux côtés d’une dizaine d’autres ambassadeurs de la diversité culturelle. Certains d’entre eux, comme Adib Alkhalidey, Cynthia Wu-Maheux et Mariana Mazza, sont déjà très connus du grand public.

On a vu Adib Alkhalidey dans Matthias & Maxime de Xavier Dolan, ou encore dans Mon ami Walid, qu’il a coproduit et coscénarisé en plus d’y tenir un rôle.

Cynthia Wu-Maheux incarne l’as de l’informatique Da-Xia Bernard dans District 31, la série québécoise la plus populaire. Ce rôle lui a valu, en 2018, une nomination aux prix Gémeaux dans la catégorie Meilleur rôle de soutien féminin.

Mariana Mazza, de son côté, mène parallèlement une carrière d’humoriste et de comédienne (notamment dans Bon Cop, Bad Cop 2). Elle est d’origine uruguayenne et libanaise – et non italienne comme plusieurs l’imaginent.

Zoom sur NOUS 

À l’origine, NOUS avait pour but de souligner le travail canadien dans le domaine de l’audiovisuel. C’est le fruit de la collaboration entre des acteurs importants du milieu du divertissement. 

«Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour que le contenu canadien devienne quelque chose d’apprécié ? Certaines personnes qui passent du temps derrière leurs écrans ne réalisent même pas qu’ils consomment du contenu canadien. C’est de là qu’est née NOUS en français et MADE en anglais», raconte Mathieu Chantelois.