Ça passe ou ça casse au Congo: le président veut s’affranchir de son prédécesseur

Congo RDC
Deux adversaires de longue date: l'ancien président Joseph Kabila, aujourd'hui sénateur, et le président Félix Tshisekedi, élu en 2018.
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Publié 13/12/2020 par Jimmy Mavuba

Rien ne va plus dans la politique congolaise. Le plus grand pays francophone, avec 84 millions d’habitants, la République démocratique du Congo, s’enlise depuis deux ans dans une crise qui vient de s’aggraver.

Des élections en 2018 avaient porté l’opposant Félix Tshisekedi à la présidence, un résultat encore contesté par son adversaire Martin Fayulu.

La coalition au pouvoir – entre les partisans de l’actuel président et ceux de son prédécesseur Joseph Kabila, sénateur à vie – a éclaté la semaine dernière. Le premier ministre refuse de démissionner. La dissolution de l’Assemblée nationale est imminente. Les institutions du pays sont dysfonctionnelles.

Des Congolais de la région de Toronto, qui suivent de près cette situation, se disent inquiets.

La République démocratique du Congo RDC
La République démocratique du Congo en plein centre de l’Afrique.

Fin de la coalition

C’est le dimanche 6 décembre dernier que le président Tshisekedi a annoncé la fin de la coalition qui le liait à son  rival. Joseph Kabila avait succédé à son père, Laurent-Désiré Kabila, assassiné en 2001, et gouverné jusqu’en 2018.

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Entre insultes, boycottage et menace de dissolution de l’Assemblée nationale, rien n’allait plus entre les deux formations.

Majorité parlementaire

«Le gouvernement de coalition, institué au lendemain de l’alternance politique, n’a pas permis de mettre en œuvre le programme pour lequel vous m’avez élu, et d’autre part il n’a pas été capable de répondre aux attentes et aspirations de notre peuple», a expliqué le président de la République.

Comment alors procéder à une refondation d’une majorité parlementaire favorable au président?

La veille du discours du président, près de 300 députés avaient déposé une motion de défiance contre le bureau de l’Assemblée nationale. C’est une surprise puisque le parti de l’ancien président Kabila y serait représenté par plus de 300 députés sur 500.

Surpris par cette démarche, le camp Kabila accuse le président Tshisekedi de débaucher plusieurs de ses membres.

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La République démocratique du Congo RDC
Le drapeau de la République démocratique du Congo.

Bagarre et casse au parlement

On a assisté à des bagarres entre députés des deux camps en plein parlement, avec coups, blessures et destruction de bureaux.

Avec le soutien ds députes de l’opposition et de cadres du parti de l’ancien président, le camp présidentiel a réussi à déposer sa motion contre le bureau sortant de l’assemblée, pour ensuite installer un bureau provisoire qui va l’entériner.

La nouvelle majorité que veut créer le chef de l’État lui permettrait d’obtenir ce qui lui échappait depuis deux ans: le contrôle de la chambre basse et du gouvernement.

Pendant ce temps, l’ancien président Kabila serait bloqué à Kinshasa par le service de sécurité qui ne lui permettrait pas de se déplacer dans le pays.

Inquiétudes à Toronto

Dans la communauté congolaise de Toronto, les avis sont partagés sur ce qui se passe dans leur pays d’origine. Jean-Paul Idikayi, président de la Communauté congolaise de Toronto (COCOT), salue la volonté du président Tshisekedi de mettre fin à cette coalition avec ses adversaires.

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«Je trouve que c’est une décision responsable, car nous avions l’impression qu’il n’y a pas eu une alternance et que la situation s’est empirée.»

Le président de la COCOT pense que c’est le moment de prendre des bonnes décisions pouvant permettre au pays de se projeter vers un avenir meilleur. Car le peuple a besoin d’expérimenter l’alternance politique et ses fruits.

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Jean-Paul Idikayi

Par contre, Olivier Bolya, qui est un fils de pionnier de l’indépendance congolaise, craint le pire,

«Une guerre bête à Noël peut arriver, et cela exposera notre incapacité aux enjeux planétaires de développement durable, surtout pour les communautés affectées par la pauvreté et les violences imposées par des querelles égocentriques.»

Cet expert en communication pense que le président Tshisekedi est animé de sentiments personnels qui sont irréalisables dans la structuration constitutionnelle actuelle.

Il propose de réfléchir sérieusement aux amendements à apporter à la loi fondamentale du  pays «qui a besoin de grandir», et la réforme pourrait faire l’objet d’un référendum.

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Olivier Bolya

Pendant ce temps, plusieurs analystes pensent que la réplique du camp Kabila risque d’être musclée.

Auteur

  • Jimmy Mavuba

    Étudiant en journalisme au collège d'arts appliqués La Cité à Toronto. Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat entre La Cité et L’Express.

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