Six adolescents naufragés ont survécu 15 mois sur une île déserte

L’ile d’Ata se situe à environ 3 500 km au nord-est de l’Australie. Photo: courtoisie Alvaro Cerezo
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Publié 20/06/2020 par Dominique Liboiron

Un récent article dans le journal britannique The Guardian décrit une aventure incroyable, tombé dans l’oubli.

Dans The real Lord of the Flies: What happened when six boys were shipwrecked for 15 months, l’auteur néerlandais Rutger Bregman décrit l’expérience de six adolescents naufragés qui ont passé plus d’un an sur une île déserte dans l’océan Pacifique en 1965.

Fasciné par le roman Lord of the Flies (1951) de William Golding, et cherchant à revisiter l’idée que les humains soient des créatures égoïstes pouvant les mener aux pires extrêmes, Rutger Bregman est tombé sur un blogue racontant une telle aventure, apparemment tirée du reportage d’un journal australien en 1966. Il a réussi à rencontrer le capitaire du bateau qui avait recueilli les jeunes naufragés.

Le roman Lord of the Flies, maintes fois réédité, a valu à son auteur William Golding le Prix Nobel de Littérature en 1954.

Pensionnaires d’une école à Tonga

Luke Veikoso, Sione Fataua, Tevita Fatai Latu, Kolo Fekitoa, Tevita Fifita Siolaʻa et Sione Filipe Totau étaient pour cinq d’entre eux pensionnaires d’une école catholique à Nuku’alofa, capitale de l’archipel des Tonga. Le plus vieux avait 16 ans et le plus jeune 13 ans.

Ennuyés par la vie de régiment du pensionnat, les gamins «empruntèrent» un bateau au mois de juin 1965 dans le but de fuir vers les îles Fiji.

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Victimes d’un orage qui déchira leur voile et cassa leur gouvernail, les jeunes hommes dérivèrent pendant huit jours avant de rejoindre Ata, une île déserte située à environ 160 km au sud-ouest de leur point de départ. Pendant leur dérive, ils manquèrent d’eau et de nourriture.

Île déserte

Une fois arrivés sur l’île Ata, les naufragés mangeaient du poisson, des noix de coco et des oiseaux sauvages qui, vivant sur une île déserte, n’avaient aucune crainte des humains. Plus tard, les ados explorèrent les lieux et y trouvèrent des bananiers et même des poules. L’île avait été habitée jusqu’en 1863 et des générations de poules y avaient survécu.

Débrouillards, intelligents et consciencieux, les jeunes hommes se sont épanouis pendant leur épreuve.

Ils ont su allumer un feu sans allumettes et ont cuit la viande d’oiseaux. Ils se sont construit une maison dont la toiture était tissée avec des palmes de cocotiers. Les naufragés ont également pu extraire de l’eau fraîche des arbres, ce qui leur a permis de survivre sur une île entourée d’eau salée.

Une partie de l’Océanie.

Secourus

Les adolescents seront découverts le 11 septembre 1966 par le capitaine de pêche Peter Warner. Celui-ci avait remarqué les vestiges d’un feu sur cette île supposément inhabitée. Curieux, il s’était approché et les naufragés s’étaient hâtés de nager vers son bateau.

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Incrédule, Peter Warner s’étonna de la qualité de leur anglais, mais surtout de la péripétie qu’ils lui racontèrent.

Le capitaine ramena les pensionnaires à Tonga où on les croyait morts. En remerciement, le roi du pays accorda des droits de pêche à Peter Warner qui engagea les naufragés comme équipage. Les sept hommes ont ensuite forgé une amitié à vie.

Revivre l’aventure

En 2015, un des naufragés, Koko Fekitoa, était atteint du cancer et souhaitait revoir Ata une dernière fois. Il demanda donc l’aide d’Alvaro Cerezo, un aventurier espagnol qui se spécialise dans les expéditions sur des îles inhabitées.

Pendant 10 jours, Koko Fekitoa et Alvaro Cerezo ont vécu comme en 1965. Ils se sont nourris de poissons, d’oiseaux et de noix de coco, comme au bon vieux temps…

«Il a dit que ces 15 mois étaient la meilleure expérience de sa vie», relate le guide espagnol. Après tout, Koko Fekitoa a reconnu que l’île lui avait sauvé la vie après huit jours à la dérive sans eau. L’homme aura ainsi vécu jusqu’en 2017, décédant à l’âge de 71 ans.

Kolo Fekitoa, à droite, a voulu revoir l’île d’Ata une dernière fois avant de mourir. Il a demandé à l’aventurier Alvaro Cerezo, à gauche, d’organiser le voyage. Photo: courtoisie Alvaro Cerezo

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