Les études sur l’homosexualité ont, à ce jour, essentiellement porté sur les grands centres urbains, négligeant des milieux de vie comme les petites villes et les régions rurales, où le dévoilement et l’expression publique de l’identité sexuelle se font dans un contexte bien différent. Une équipe de chercheurs a récemment analysé les réalités quotidiennes, sociales, relationnelles et sexuelles de lesbiennes et gais vivant en région au Québec. Les données de cette recherche sont exposées dans un ouvrage intitulé Homosexualités: variations régionales.
Une trentaine de chercheurs, professeurs, étudiants au doctorat et intervenants communautaires ont participé à cette recherche sous la direction de Danielle Julien et Joseph Lévy, de l’Université du Québec à Montréal.
Des entrevues ont été menées auprès de vingt hommes et vingt femmes, principalement francophones, vivant en Abitibi-Témiscamingue et dans l’Est du Québec (Bas-Saint-Laurent, Gaspésie et Côte-Nord). Leur âge varie de 24 à 58 ans, pour une moyenne de 41 ans. Environ 40% des participants et participantes ont une formation universitaire et la majorité bénéficie d’un revenu supérieur à 40 000 $.
Comme on peut s’y attendre, l’isolement constitue un facteur important dans la vie de ces personnes homosexuelles. Le nombre restreint d’espaces collectifs et la faible densité de la population gaie ou lesbienne visible limitent les possibilités de socialiser et d’établir «de nouveaux liens basés sur des affinités allant au-delà de l’orientation sexuelle».
À la difficulté de rencontrer des pairs s’ajoutent le manque de modèles pour ceux et celles qui sont dans un processus de questionnement ou de construction identitaire et l’absence de milieu social pouvant refléter et valider l’identité sexuelle.