La ville de Toronto, contrairement à bien des métropoles, n’a rien d’un gruyère. Comparées aux quelques 400 stations parisiennes et aux 16 lignes de son système de transport souterrain, les deux lignes de métro de Toronto n’offrent pas la même diversité et ne cachent pas autant de mystères. De là à dire que le réseau torontois ne recèle aucun secret…
Ces dernières années, certains voyageurs attentifs avaient pu apercevoir une lueur intrigante au sortir de la station Bay, en direction de l’Est. Et seuls les plus anciens usagers ont pu en légitimer l’existence. Pour les autres, il ne s’agissait là que d’une hypothétique gare de triage ou d’un quelconque chantier souterrain. Ce mystère a un nom: Bay Lower. Une station abandonnée par la Commission des transports de Toronto (CTT) seulement six mois après son existence, et aujourd’hui inaccessible au public.
En février 1966, alors que la CTT procèdait à l’ouverture de la ligne de métro Bloor-Danforth, Bay Lower offrait des perspectives particulièrement intéressantes pour les usagers. Dans l’esprit de ses concepteurs, Bay Lower constituait une plateforme permettant aux voyageurs d’emprunter successivement la ligne Yonge et la ligne Bloor-Danforth sans changer de métro. Un projet séduisant mais qui montra très rapidement ses limites, en raison d’un défaut majeur de conception.
Concrètement, outre la ligne classique Bloor-Danforth, l’autre ligne débutait à Eglinton (le terminus nord de l’époque), suivait la boucle passant par Union et tournait à gauche à Museum jusqu’à Keele (dernière station vers l’Ouest). Une fois au bout de la ligne, les métros revenaient vers l’Est jusqu’à Woodbine, avant de revenir sur leurs pas une nouvelle fois jusqu’à Eglinton.
Un trajet complexe, qui posa rapidement deux problèmes majeurs. En premier lieu, un tel fonctionnement paralysait l’intégralité du réseau en cas de panne à n’importe quel endroit du circuit.