Dans le roman Un amour de Louis-Michel Lemonde, le nom du narrateur n’est jamais mentionné. «Un singulier fantasme de prostitution» l’habite depuis longtemps, même s’il avance dans la quarantaine. Il rencontre Jean-Louis, un ouvrier à la retraite et prêt a déboursé quelques dollars pour assouvir sa passion libidineuse.
Louis-Michel Lemonde nous raconte dès lors l’histoire d’un amour fou et glauque, nous révèle le récit furieux d’un coup de foudre, nous plonge dans la quête illusoire d’une jeunesse perdue.
La première drague a lieu dans un bar gai à Montréal, puis tous les samedis, après leurs sorties habituelles, les deux hommes existent «bel et bien intensément l’un pour l’autre durant quelques minutes». Autrement, ils s’appellent les autres soirs vers vingt et une heures.
Mariés malgré eux-mêmes
L’auteur illustre avec doigté comment l’habitude peut «marier» deux êtres malgré eux-mêmes, «pour le meilleur et pour le pire». Peu à peu, les liens se resserrent jusqu’à devenir «une chaîne dont les maillons de complicité amicale, de consolation sexuelle, parfois même de mauvaise entente, nous ont solidement attachés l’un à l’autre».
Le quarantenaire finit par cesser d’exiger le peu d’argent offert par Jean-Louis alias Johnny. «Peu à peu, jouant la passion, j’ai fini par m’éprendre de cet homme que je ne trouve ni beau, ni intelligent, ni digne d’admiration, au point de ne plus pouvoir m’en passer.»