Raconter l’Histoire par les histoires

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Publié 05/04/2016 par Harriet Vince

«L’art de conter permet de créer une atmosphère intime, de tenir les auditeurs proches et donner une ambiance communautaire», estime Dan Yashinsky, le directeur de la 38e édition du Festival du conte («storytelling») de Toronto, qui a débuté vendredi soir à l’Université de Toronto et qui se poursuit jusqu’au 10 avril, entre autres à l’Alliance française.

Cette année, le Festival propose 50 conteurs de Toronto et 11 de l’extérieur, dont Bruno de la Salle (France), Chirine El Ansary (Égypte), Mafane (La Réunion) et Marie Célie Agnant (Haïti).

Depuis 40 ans M. Yashinsky, d’origine américaine, gagne sa vie en tant que conteur. «Je suis un homme très riche, mais pas avec de l’argent», dit-il avec un sourire.

«Ma mère d’origine juive était une survivante de l’Holocauste, d’où le fait qu’enfant, j’écoutais beaucoup de contes sur la guerre. Je me suis rendu compte à quel point les histoires étaient essentielles et pas quelque chose à prendre à la légère.»

«Le fait de constater au cours d’un camp d’été que des garçons très turbulents pouvaient changer grâce au conte a été l’un des points déclencheurs de ma vocation.»

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Pour Marie-Célie Agnant, «le conte donne énormément de plaisir ludique et nous plonge dans un univers fantastique. Il débloque la parole. Les conteurs et écrivains sont des tisseurs de mots, des artisans de la parole.»

Cette écrivaine et traductrice vit actuellement à Montréal et possède un répertoire de quatre contes.

Elle ne se cantonne pas à un genre littéraire particulier. Elle peut passer du conte au roman ou à la poésie.

Volet éducatif

Cette conteuse a fait le choix d’utiliser son travail dans un cadre essentiellement scolaire pour stimuler l’apprentissage des enfants.

«On devrait utiliser davantage les contes à l’école. Les contes sont une source inépuisable avec les enfants pour le travail des langues, de vocabulaires. Je veux leur faire saisir la beauté d’une langue», explique-t-elle.

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«Il y a quelque temps, j’étais en tournée dans une école d’un pays nordique européen. Un professeur m’expliquait que les enfants ne voulaient pas apprendre. J’ai commencé à raconter un conte sous la forme d’une randonnée, c’est-à-dire par le biais du jeu. Peu à peu les enfants se sont laissés entraîner dedans et ont retenu les mots.»

Marie-Célie Agnant donne des ateliers aux futurs professeurs des universités montréalaises pour leur montrer comment utiliser le conte et la musique dans leurs cours.

L’Océan indien

Mafane, quant à elle, se focalise sur un auditoire adulte. Si ses contes tournent davantage autour des légendes de l’Île de la Réunion et de l’Océan indien, elle s’intéresse particulièrement depuis quelque temps à la migration.

«Je préfère éviter d’avoir une morale trop marquée à la fin de mes histoires. Les gens les reçoivent à partir de leur vécu. Je ne peux pas leur dire quoi penser, quoi faire», indique-t-elle.

Pour elle, «les contes demeurent actuels, car il y a des raisons pour lesquelles ils sont restés en mémoire. En voyageant dans le temps, ils ont quelque chose d’universel».

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Joueuse occasionnelle de bobre, un arc musical utilisé par les conteurs réunionnais, elle raconte que l’art de conter était une manière de se sentir moins loin de chez elle lors de son arrivée au Canada.

Mafane privilégie la voie orale pour transmettre ses contes, car «je n’ai pas encore trouvé une manière de le faire qui me satisfasse, mais j’aimerais pouvoir un jour les mettre par écrit sans avoir l’impression de leur ôter leur essence».

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