Les bandes dessinées répondent à une attente propre à chaque pays. Lorsqu’elles sont traduites, il est alors parfois difficile pour ces artistes de rester fidèle à leur univers tout en épousant des cultures différentes. «Aux États-Unis, Cadavre exquis a été classé pour adultes car on voyait des tétons», explique la bédéiste Pénélope Bagieu.
Ce n’est cependant pas le seul problème que rencontrent ces artistes quelque peu en marge, comme on a pu le découvrir jeudi dernier à l’Alliance française, qui accueillait trois auteurs participant au Toronto Comic Arts Festival du 9 au 10 mai: Pénélope Bagieu, Étienne Davodeau et Lorenzo Mattoti.
Après la ville reine, Pénélope repart sur les routes canadiennes et américaines pour présenter son dernier ouvrage, fraîchement traduit en anglais. «Cadavre exquis a aussi été traduit en huit langues: espagnol, allemand, italien, japonais et même… en gaélique», ajoute Pénélope en entrevue à L’Express.
«En 2000, la stratégie des maisons d’édition était de multiplier les titres pour occuper l’espace et se faire un nom», explique Estéban, rédacteur et co-fondateur de la revue spécialisée Kaboom, qui participait à l’événement à l’AFT. «Puisque les titres sont plus nombreux, ils se vendent moins et ce sont les dessinateurs qui sont les premiers touchés.»
C’est justement parce que le neuvième art n’a plus sa place dans les médias, croit-il, qu’il a conçu cette revue. Ainsi, même si c’est un univers foisonnant d’idées, les artistes ne sont pas toujours récompensés et doivent parfois se construire seuls.