Les dessous de la vie romaine

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Publié 23/03/2015 par Gabriel Racle

Quand l’art plonge dans les dessous de la vie romaine, cela donne une exposition et un livre d’art inhabituels, inattendus, inconnus même, mais qui pourtant, ou plutôt mais qui surtout, méritent de retenir l’attention.

Et c’est le Petit Palais, ce musée d’envergure des beaux-arts de la Ville de Paris, qui offre cette originalité avec une exposition et une publication aux titres surprenants, Les Bas-fonds du Baroque, la Rome du vice et de la misère.

L’exposition en cours jusqu’au 24 mai, et son ouvrage d’accompagnement valide en tout temps, invitent les amateurs d’art à découvrir le visage sombre, caché et violent de la Rome baroque du XVIIe siècle, souvent célébrée pour ses fastes et sa grandeur, symboles du triomphe de la papauté.

Près de 70 tableaux évoquent l’univers clandestin et interlope de la capitale, en représentant un aspect inédit de cette étonnante production artistique romaine du Seicento.

D’après le communiqué de presse du Petit Palais, grâce à des prêts exceptionnels de collections privées et de grands musées internationaux comme la National Gallery de Londres, le Nationalmuseum de Stockholm, la National Gallery d’Irlande à Dublin, le Louvre de Paris, la Galerie Borghèse et le Palazzo Barberini à Rome, le Rijksmuseum d’Amsterdam, des œuvres de grands peintres sont ainsi présentées.

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Des artistes de toute l’Europe

L’exposition réunit des artistes venus de toute l’Europe: de France comme Valentin de Boulogne, Simon Vouet, Nicolas Tournier, Claude Lorrain, des peintres de l’Europe du Nord, Pieter Van Laer, Gerrit van Honthorst, Jan Mielou, ou du Sud, Bartolomeo Manfredi, Lanfranco, Salvator Rosa ou Jusepe de Ribera.

Leur production artistique a un point commun: dépeindre une Rome du quotidien «d’après nature», plutôt que celle louangeant le «beau idéal». Ils participent à la vie nocturne de la cité et trouvent dans ses bas-fonds, ses tavernes, dans ce monde de misère, violent et grossier, où l’on boit et où l’on joue, une source inépuisable d’inspiration.

Bon nombre de ces artistes, venant surtout d’Europe du Nord, se retrouvent au sein d’une confrérie, la «Bentvueghels» (les «Oiseaux de bande»), placée sous la protection de Bacchus, dieu du vin et de l’inspiration artistique. Une vie de bohême dont les peintres produisent parfois des représentations empreintes de mélancolie, en tirant des bas-fonds des toiles sublimes.

Découvertes

C’est donc une occasion unique de découvrir une «Rome à l’envers», selon une expression utilisée pour décrire cette série d’œuvres artistiques, ou de l’envers de Rome, par opposition aux œuvres exaltant la Rome papale glorieuse.

Mais c’est aussi l’occasion de découvrir de talentueux artistes souvent peu connus, italiens, français, hollandais, flamands, allemands, espagnols, avec lesquels il n’est pas facile der faire connaissance puisque leurs réalisations sont habituellement dispersées aux quatre coins du monde.

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Livre d’art

Et c’est précisément l’intérêt de cet ouvrage, que l’on peut emporter comme souvenir d’un visite, ou l’obtenir pour découvrir ces tableaux et ces artistes qui font la célébrité et l’originalité de l’exposition, si l’on ne veut pas manquait cette occasion si particulière de découvertes. «Le Petit Palais victime de son succès», titre Le Figaro, tellement sont nombreux les visiteurs.

Si une visite est toujours inoubliable, le livre d’art de cette exposition est une réalisation elle aussi exceptionnelle et spectaculaire. Avoir sous les yeux ce monde de musiciens populaires, de buveurs, de tricheurs, de courtisanes, de diseuses de bonne aventure ou de charlatans n’est pas banal.

Essais et catalogue

Cet ouvrage comporte deux parties, Essais et Catalogue, ainsi que des annexes bibliographiques. La partie Essais, après une Introduction sur «Rome au quotidien, 1591-vers 1630», compte sept essais, tous aussi intéressants les uns que les autres, et illustrés de reproductions.

Dans «Sous les auspices de Bacchus», qui ouvre la série, on peut noter cette remarque en p. 27: «Il y a un lien, concluant selon nous, entre l’émancipation artistique de Caravage, la rupture qu’il introduit dans l’histoire de la peinture et la tutelle bachique qu’il sollicite dès ses premières années romaines, source et justification de cette liberté novatrice, de ces renversements et de ces excès fructueux.» (voir L’Express, Le Caravage, 12 juillet 2011)

D’autres titres proposent divers thèmes historico-artistiques sur l’époque, pour offrir une documentation appropriée.

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Le Catalogue présente 57 tableaux regroupés sous des titres évocateurs, sur fond noir. Voici quelques exemples: Le souffle de Bacchus, La taverne truculente, Divertissement et mauvais tours, Rome souillée, Charmes et sortilèges.

Chaque tableau, présenté sur une page, est accompagné d’un descriptif historique sur la page en regard. Le catalogue s’étend ainsi de la page 125 à la page 270. La Rome des bas-fonds vous éclate ainsi dans les yeux, sous le pinceau d’artistes bien identifiés.

Petit journal

Le Petit journal de l’exposition est à la fois un guide de visite et un souvenir de l’exposition. Il en suit le parcours. Chacune des 8 sections est introduite par un texte de présentation précis et accessible. Les œuvres phares sont également reproduites (4 euros, 32 pages).

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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