Avec La tourneuse de pages, Denis Dercourt signe son cinquième film. Dans la lignée de ses précédents travaux, il propose une histoire très calibrée, parfois un peu rigide, qui bénéficie néanmoins d’un casting irréprochable. Présenté au Festival de Cannes 2006 et au dernier Festival international du film de Toronto, La Tourneuse de pages sera sur les écrans torontois à partir du 6 avril.
Mélanie, jeune pianiste d’une douzaine d’années, est particulièrement douée. Mais tandis qu’elle passe le concours pour intégrer le conservatoire, l’attitude désobligeante de la présidente du jury, elle-même pianiste renommée, la déstabilise totalement. Suite à cet échec, elle range au placard ses partitions et ses espoirs. Mais Mélanie n’a pas pour autant tourné la page.
Dix ans plus tard, elle intègre en tant que stagiaire un grand cabinet d’avocats, dirigé par un brillant homme de loi, M. Fouchécourt, qui s’avère être le mari de la fameuse pianiste du concours. Mélanie, qui excelle dans les tâches qu’elle effectue au sein de son stage, se fait remarquer de son patron, et elle obtient de lui qu’elle s’occupe du gardiennage de son fils. Elle retrouve ainsi Mme Fouchécourt, avec qui le courant passe à merveille, d’autant plus que la pianiste n’a aucun souvenir de cette jeune élève. Mélanie, qui fait preuve de rares qualités musicales, gagne la confiance de Mme Fouchécourt et devient même sa tourneuse de pages.
Denis Dercourt a tout du réalisateur atypique, sensible à son sujet. Et pour cause! Musicien de formation, le réalisateur français n’en est pas à son premier scénario en lien direct avec la musique. Déjà, avec Les Cachetonneurs (1999) et Mes enfants ne sont pas comme les autres (2003), la musique était au coeur de son univers. C’est donc dans la lignée de son travail que ce long-métrage a été tourné.
Si le sujet abordé est typique de la patte de Dercourt, le visuel l’est également. Camaïeu de couleurs fades et ternes, La tourneuse de pages se déroule au sein d’un monochrome bleuté qui colle bien à l’atmosphère du film et à son accompagnement sonore, pour l’occasion plus qu’essentiel. En résulte un ensemble très propre, voire trop. Il manque à La tourneuse de pages ce petit grain de folie, de spontanéité. Un peu à la manière d’un pianiste de génie qui aurait oublié les ficelles de l’improvisation.