Saint-Émilion: engouement pour l’œnotourisme

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Publié 30/09/2014 par Charles-Antoine Rouyer

L’accueil plus moderne des visiteurs à Saint-Émilion pourrait bien n’être que la partie émergée d’un iceberg commercial et d’une révolution technologique en marche derrière les murs épais de pierre blonde des chais et dans les vignes.

Beaucoup invoquent certes l’effet UNESCO, à savoir l’afflux de visiteurs, doublé de la curiosité des gens pour ce qui est dans leur assiette et dans leur verre.

Certes, l’objectif de l’œnotourisme à la Californienne – et repris avec beaucoup de succès en Ontario dans la région des vins du Niagara — consiste à attirer le visiteur à la propriété par diverses activités, pour sensibiliser au produit et finir par pratiquer la vente directe (plus rentable que via divers intermédiaires) et fidéliser le consommateur à plus long terme.

Mais la concurrence d’autres régions du monde, propices elles aussi à la culture de la vigne, a dû aussi bousculer les habitudes au pays du Merlot des vins de Bordeaux.

Une nouvelle génération de vignerons semble avoir accepté de relever le défi international, en mariant patrimoine et modernité, tradition et technologie, alors qu’une autre menace pointe déjà à l’horizon: les changements climatiques et la modification de ce terroir idéal pour la culture de ces baies, les raisins, qui remonte à l’époque des Romains.

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Au Grand Cru Château La Dominique, sous le nouveau restaurant, le visiteur pourra prendre la mesure de la révolution technologique dans le chai: cuves informatisées, contrôle de la température de fermentation, transfert des raisins par gravité pour éviter les pompages qui brisent la peau du raisin et exposent la pulpe à l’air et à une oxydation trop précoce.

D’autres ont poussé le raffinement jusqu’à faire dessiner par un architecte (Olivier Chadebost) leurs nouvelles cuves modernes. Le cuvier du Premier Grand Cru Château La Gaffellière aligne ses 20 superbes cuves tronconiques inversées en inox mauve sombre, installées en 2013. Chaque cuve correspond à l’une des vingt parcelles différentes du Château et réparties sur les trois principaux sols de Saint-Émilion, pour conserver la typicité de chaque terroir avant l’assemblage final.

Dans les vignes, des analyses poussées du sol et du sous-sol ont guidé depuis 15 ans une restructuration du vignoble de La Gaffelière pour planter les Merlots majoritaires et les Cabernets complémentaires sur les parcelles les mieux adaptées aux besoins forts différents de chaque plante.

À la Gaffelière et dans de nombreux autres châteaux, l’agriculture raisonnée est de mise (comprendre utilisation minimaliste des pesticides) et les parcelles sont enherbées pour favoriser la faune et la flore auxiliaires et les microorganismes salutaires pour la qualité du sol et donc des fruits de la vigne.

Pour les vendanges, la Gaffelière dispose d’une trieuse optique, qui étudie chaque grain de raisin, leur forme, leur couleur et par infrarouge leur densité en sucre.

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Enfin, le labour à cheval est de retour un peu partout, pour éviter de trop tasser la terre (sous le poids du tracteur) et ainsi nuire aux racines des ceps de vigne.

Au final, le vigneron fait penser à un peintre. Sa palette de goûts multiples provient des divers cépages et de la diversité du terroir, sols, relief, conditions hydriques. Il mélange alors ces différents tons venus de l’extérieur lors de l’assemblage à l’intérieur du chai, pour créer au final son tableau liquide, le vin, mais avec des nuances légèrement différentes chaque année selon les conditions climatiques.

Beaucoup d’exploitants notent d’ailleurs une hausse du degré d’alcool au fil des années, le résultat de raisins plus sucrés, car il y aurait plus de soleil et de chaleur.

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